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IMAGINE

Un film de Andrzej Jakimowski

Rêver encore et toujours !

Ian débarque, avec ses pratiques peu orthodoxes, dans une école spécialisée pour les jeunes malvoyants. Refusant la canne blanche, il préfère leur inculquer les techniques de l’écholocalisation, à savoir se déplacer grâce à la résonance des sons. Mais bien plus important, il cherche à encourager ces jeunes enfants à imaginer le monde différemment, et peu importe ce qu’en pensent les dirigeants de l’établissement…

Au cœur d’un Lisbonne sublimé, se trouve une école pas comme les autres, destinée uniquement aux enfants non-voyants. Les jeunes pensionnaires suivent alors des enseignements classiques pour apprendre à vivre avec leur handicap, mais cet équilibre va être chamboulé par l’arrivée d’un professeur anticonformiste, qui a décidé de ne pas se limiter aux normes habituelles. Lorsqu’il leur inculque les techniques d’orientation spatiale, c’est sans canne que cela se déroule, mais uniquement par les savoirs de l’écholocalisation. Expérience sensorielle, le métrage nous plonge au cœur de cet univers atypique, où les moyens techniques utilisés par le cinéaste répondent parfaitement à cette exploration sensible du monde.

Dans une ambiance poétique et onirique, le long-métrage nous dresse le portrait, tout en contradictions, d’un homme isolé, non pas par son handicap, mais pas son audace et sa détermination. Cynique, parfois antipathique, la caméra suit ce drôle d’individu qui s’est promis de ne jamais arrêter de rêver, même si cela doit se faire en opposition aux autres. Mais habilement, le réalisateur ne porte aucun jugement moral, nous laissant seul juge des contradictions du héros. Dans ses pérégrinations, ce dernier embarque une élève plus âgée, emportant le métrage dans le registre de la romance dramatico-poétique. Jakimowski évite alors les écueils du genre, et développe une poésie de l’instant, une ambiance fantastique et une beauté autant visuelle qu’imaginative, avec rythme et inventivité.

Ode sur la nécessité de rêver et sur l’imagination, "Imagine" propose une réflexion intéressante sur les limites de cette dernière, et ce, sans aucun pathos. Si on peut regretter le manque de ressorts scénaristiques et certains raccourcis, la prestation époustouflante des deux comédiens principaux nous fait rapidement oublier ces quelques réserves. Sensible et sensuel, le film est une expérimentation intrigante, où par un remarquable travail sur le son et une maîtrise du contre-champ et de la photographie parfaite, le spectateur est invité à vivre les différentes sensations que peuvent constituer une simple balade pour un non-voyant. Un appel auquel il serait bien dommage de ne pas répondre !

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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