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IBRAHIM

Un film de Samir Guesmi

Un premier film sur la dignité et les difficiles rapports père-fils

Ibrahim est fan de football. Dans sa tête il rêve d’ailleurs de gloire. Mais en dehors de l’entraînement et du lycée technique, il doit aider son père, Ahmed, écailler dans une grande brasserie parisienne, à gérer le quotidien et notamment lire ses factures. Entraîné par son ami Achille, plus âgé, Ahmed doit faire diversion lors d’un vol et se retrouve à casser une télévision dans un magasin, dont la valeur dépasse les 3000 euros. Ahmed, furieux,va alors devoir renoncer à d’importants soins d’orthodontie afin de rembourser la dette de son fils…

Ibrahim film movie

Premier long-métrage de metteur en scène de l’acteur Samir Guesmi, vu dans des films aussi divers que "Andalucia" d'Alain Gomis, "Hors-la-loi" de Rachid Bouchareb, "Camille redouble" de Noémie Lvovsky, "L'Effet aquatique" de Solveig Anspach ou "Notre dame" de Valérie Donzelli, "Ibrahim" offre un double portrait, d’un jeune homme entraîné sur une mauvaise pente par un camarade de classe, et de son père, laborieux travailleur, avec l’honnêteté dans le sang. Tous deux ont cependant un point commun de départ : celui de désirer une vie meilleure.

Récit de passage à l’âge adulte, porté par le jeune Abdelrani Bendaher (Samir Guesmi interprétant, quant à lui, le père), le scénario creuse les notions d’honnêteté, de déterminisme social, tout en pointant un jeu des apparences souvent mortifère (ici pour le fils, comme pour le père). On pense forcément à la logique de certaines œuvres des frères Dardenne, le long métrage dénonçant au passage les murs que constituent argent comme éducation, pour les immigrés et leurs descendants.

Traitant avec tact, à la fois du respect de soi et des autres, le film aborde ainsi de manière assez subtile la question de l’inégalité des chances. Mettant en avant le rapport de complicité entre père et fils, ici bousculé, cette première œuvre estampillée sélection Cannes 2020 parvient à faire surgir une véritable émotion. Elle propose de plus, avec réalisme, une conclusion douce-amère qui lui aura valu le Valois du meilleur film au Festival d’Angoulême 2020 ainsi que le Grand Prix du Festival Premiers plans d’Angers 2021.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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