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HITMAN : AGENT 47

Un film de Aleksander Bach

Le tueur (pas si) silencieux est de retour...

Comme d’autres personnes sélectionnées à leur naissance, « 47 » est un « agent » génétiquement modifié et entraîné pour devenir la parfaite machine à tuer. Mais aujourd’hui, une puissante multinationale de Singapour souhaite obtenir le secret du passé de 47 pour créer de nouveaux agents, bien plus puissants et dangereux. De plus, une nouvelle mission lui est confiée : retrouver et éliminer une jeune femme qui renferme peut-être en elle la clé d’une intrigue plus complexe qu’elle n’en a l’air…

Les fans du célèbre jeu vidéo éponyme créé par Eidos Interactive n’avaient pas fait de cadeau à sa première adaptation sur grand écran, c’est le moins que l’on puisse dire. Bien que nanti d’une réalisation plutôt soignée, le film de Xavier Gens s’était révélé un blockbuster anonyme, bâclé dans son scénario et ses personnages, et dont les rumeurs de remontage opéré par les sécateurs de la Fox avaient fini par installer la méfiance envers le résultat avant même sa sortie en salle. Le plus grave résidait pourtant ailleurs : pour un jeu vidéo ayant pour principes de base l’infiltration et la discrétion (ce qui n’interdisait cependant pas de sortir l’artillerie en cas de couverture grillée), "Hitman" voyait son personnage iconique sortir sans cesse les flingues pour faire parler la poudre, tout en prenant le temps de draguer une Olga Kurylenko plus torride que jamais. Après pareil hors sujet, on s’intriguait de voir que la Fox avait choisi de retenter le coup. Et au final, comme avec "Les 4 Fantastiques", on n’est même pas surpris de constater qu’ils ont été incapables de retenir les leçons du passé.

Le problème de ce reboot tient en une phrase simple : c’est tout pareil qu’avant ! Dans le rôle de l’assassin en costume Armani, le british Rupert Friend a beau avoir une gueule plus inquiétante que celle du fadasse Timothy Olyphant, il n’en reste pas moins aussi mince et désincarné, rendant cette icône vidéoludique plus proche d’un costard-cravate cancéreux que d’un tueur silencieux. Dans le rôle de la bimbo que tout le monde veut tuer, la charmante Hannah Ware (que l’on avait aperçue dans "Shame" de Steve McQueen) n’est qu’un clone quasi parfait d’Olga Kurylenko. Du côté de l’intrigue, c’est toujours la même chose, centrée sur une chasse à l’échelle planétaire entre des agents qui sortent d’on ne sait où. Cela dit, la petite nouveauté ici, c’est que l’intrigue n’a ni queue ni tête : les personnages changent de camp comme de chemise, alternent la rage exacerbée d’un pitbull avec le calme intériorisé d’un moine tibétain, et sortent des répliques sacerdotales qui sonnent encore plus faux qu’avant. À ce titre, ce pauvre Zachary Quinto (le Spock rajeuni du nouveau "Star Trek" !) n’en finit plus, film après film, de réduire considérablement sa palette d’acteur.

Côté réalisation, la Fox ne s’est visiblement pas mis dans l’idée d’opter pour un vrai point de vue de cinéaste, préférant ainsi engager un énième clippeur pêché en Europe de l’Est pour servir de serpillière pas très onéreuse, capable de filmer ce qu’on lui dit de filmer sans une once de conscience professionnelle. Et quand on voit un tel panel de cadrages désastreux, de scènes d’action passées en accéléré, d’effets de montage avec vingt ans de retard et d’effets spéciaux finis à la pisse, on se dit que le bonhomme devait sans doute être davantage motivé par le nombre de zéros sur le chèque à la fin du tournage. Quoiqu’il en soit, un tel manque de respect et de compréhension envers le matériau original ne sert qu’à valider une idée entérinée depuis bien longtemps : si les codes du cinéma et du jeu vidéo sont à ce point opposés et contradictoires, autant les laisser chacun de leur côté, histoire de ne pas aboutir à du gros n’importe quoi.

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

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