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L'HISTOIRE DE L'AMOUR

Un film de Radu Mihaileanu

Naïf à l'excès

Un vieux polonais installé à New York attend fébrilement la parution de L'histoire de l'amour, un mystérieux roman jusque là jamais traduit en anglais. Une femme fascinée par ce livre se voit proposé la traduction de celui-ci par un homme mystérieux prêt à payer des fortunes. Le vieil homme se remémore son histoire d'amour de jeunesse à lui, à laquelle il n'a jamais vraiment renoncé...

Très difficile de résumer en quelques mots l'intrigue du nouveau film de Radu Mihaileanu, réalisateur mondialement reconnu pour le formidable "Va, vis et devient" et le choral "Le concert". D'autant plus que pendant tout le film, les certitudes que l'on a sur cette histoire ne cessent de basculer, rendant assez indigestes les bonnes idées de départ (une histoire d'amour éternel, un livre qui traverse les générations, des secrets de famille pas si enfouis...). On se dit alors que si le livre de Nicole Krauss devait être formidable, la volonté du réalisateur de ne poser qu'en deux moments des points de repère temporels nuit finalement à un propos dont la naïveté est finalement érigée en principe.

Malgré une évolution certaine, le personnage central, incarné par Derek Jacobi, ne parvient ni à émouvoir réellement, ni à créer la compassion attendue, se limitant sur la plupart du long métrage à un vieillard aigri et égocentrique, dont même les traits d'humour semblent agressifs. L'humour sensé passer par le personnage du jeune garçon, fils de la traductrice, a bien du mal à percoler, le mioche finissant par devenir des plus agaçants avec sa façon répétitive de se réfugier dans un délire religieux. Enfin, la jeune Sophie Nélisse, décidément abonnée aux rôles caricaturaux (après le navrant "La voleuse de livres"), peine à imposer son dynamisme dans un portrait aux actions téléphonées.

Si l'on décèle bien les aspects universels qui ont pu intéresser le metteur en scène roumain, de la question du lègue du traumatisme (la déportation, la séparation, la mort...) à la manière de chacun de surmonter le deuil, en passant par la puissance de l'amour et des promesses que l'on jure de tenir, on se dit que cette histoire complexe aurait mérité sans doute plus de concision et de clarté dans la construction. Car ce qui fonctionne en littérature ne marche pas forcément bien sur grand écran. Pourtant sous les boursouflures d'un film aux effets inutiles (des ralentis lourdingues, un arrêt sur image final incompréhensible...), reste un série de révélations finales qui laissent entrevoir ce qu'aurait pu être ce film et l'émotion qu'il aurait pu dégager. Dommage.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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