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HEART OF A DOG

Un film de Laurie Anderson

À coeur ouvert

Un dessin au crayon. L'accouchement donnant naissance à une chienne. Le souvenir d'une mère disparue. Laurie Anderson parle de vie et de mort, et évoque son passé...

Laurie Anderson, artiste multiforme, ex-femme de Lou Reed, est à la fois musicienne, plasticienne et peintre. Elle nous livre dans « Heart of a Dog », son nouveau documentaire, découvert en compétition au Festival de Venise 2015, nombre de réflexions personnelles sur la mort, les accidents de la vie, et au final, sur l'amour. Au travers de sa relation avec sa chienne Lolabelle, à laquelle elle dédie plus de la moitié du métrage, elle conçoit des parallèles pas si simplistes, abordant la séparation, l'oubli, la perspective d'une mort prochaine ou qui vous a frôlé. Mais elle évoque aussi des sujets politique, en voix-off, tels que le danger qui peut venir du ciel (le 11 septembre), la surveillance des citoyens...

A base de dessins à elle, qu'elle anime parfois, d'archives vidéo, de photos, de lettres incrustées sur fond noir, elle nous propose une introspection en voix-off, aux élans mystiques assez troublants. Abordant l'importance des instants partagés avec sa chienne devenue aveugle, ou des derniers mots prononcés par sa mère, elle tente au final de se souvenir de celle-ci, en prenant comme fil conducteur la fin de vie de son animal. De réflexions amusantes mais éclairées sur les réactions des animaux à un ordre, en commentaires sur les conséquences d'un accident, elle réussit aussi à parler d'elle-même, de ces gens que l'on porte auprès de soi-même s'ils ne sont plus (« every story is a ghost story »).

Peu à peu, accompagné par sa voix comme apaisée, le tout forme un canevas sensible qui finit par émouvoir, et par livrer quelques vérités comme le fait que « la vie, même si elle est vécue vers l'avant, n'est comprise que (en regardant) vers l'arrière ». C'est à un voyage vers cet arrière qu'elle nous invite, déterrant au passage des souvenirs lointains, comme lors du passage en patins à glace accompagné par la chanson « I walk accompagnied by ghosts », et réussissant ainsi une sorte d'émouvant voyage vers la paix intérieure. Étonnant.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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