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HAPPY END

Un film de Michael Haneke

Haneke s’auto-parodie dans une œuvre terne et quelconque

Une jeune fille, dont la mère est dans le coma, doit aller vivre dans la famille bourgeoise de son père. Mais sous les dorures et le clinquant, chacun cache des secrets sombres qui ne demandaient qu’à jaillir…

Happy End. Lorsqu’on lit le titre du dernier film de Michael Haneke, on se doute déjà que cette fin ne sera pas si heureuse. Parce que le monsieur nous a rarement habitué aux grands moments de joie, d’autant plus lorsque le titre laisse penser le contraire (les " Funny Games" n’étaient pas si amusants que cela). Pourtant, cette affiche, capture d’écran d’un Iphone, persiste à vouloir insister sur le changement de voix de ce métrage. Les premières secondes sont d’ailleurs celles d’un téléphone portable, celui d’une gamine capturant la routine de sa mère avant de donner des médicaments à un hamster qui ne survivra pas au choc. L’humour noir sera donc bel et bien le filigrane de cette autopsie d’une famille bourgeoise, symbole d’une société qui ne serait que superficialité et égoïsme.

Le problème est que cette chronique faussement acerbe ne trouve jamais sa tonalité, son rythme, se perdant en bavardages insignifiants et en cynisme scolaire. Œuvre somme (évocation de la mort dans le prolongement d’"Amour", claustrophobie ambiante façon "Caché", perversité tout droit sortie de "La Pianiste", ou encore problèmes communicationnels à la manière de "Code inconnu"), "Happy End" se veut une chronique nihiliste ironique, où les désirs de mort (littérale ou métaphorique) de chaque protagoniste sont censés amuser. Sauf que le cinéaste nous enferme dans un procédé dans lequel il est lui-même prisonnier, où il suggère une société repliée sur elle-même, aveugle aux malheurs d’autrui (les migrants notamment), avec une subtilité pachydermique.

On aimerait que cet instantané de la bourgeoisie française devienne mordant, que les ficelles narratives servent à autre chose qu’à restreindre le récit à une vulgaire théorisation de l’ethnocentrisme de notre époque. Malheureusement, plus les minutes défilent, plus le film confond légèreté et artifices pseudo-cocasses. Tous les petits secrets des personnages deviennent alors insignifiants, le grand tableau caustique et soi-disant corrosif manquant d’épaisseur pour véritablement dépasser l’exercice de style. Ni comique ni dérangeant, le résultat en devient même terriblement fade. Et c’est bien là la dernière chose qu’on attendait du double palmé Haneke. La surprise promise était peut-être celle-ci…

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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