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GUNMAN

Un film de Pierre Morel

Rien

L’ancien agent des forces spéciales Jim Terrier a longtemps officié comme tueur à gages. Un jour, il décide de laisser tomber et d’aller travailler pour une association humanitaire en Afrique. C’est là qu’il rencontre Annie, l’amour de sa vie. Mais lorsque son ancien employeur tente de l’éliminer au cours d’une mission humanitaire au Congo, Jim n’a d’autres choix que de reprendre les armes…

Une petite blague pour commencer ? Alors c’est Toto qui s’en va au cinéma pour aller voir un film, qui voit l’affiche de "Gunman" avec les noms d’un acteur oscarisé et du réalisateur de "Taken" écrits dessus, qui se dit alors que ça lui ferait passer deux heures très sympathiques, et qui, en sortant de la projection, ne trouve rien d’autre à dire que « Sean me fait de la Penn »… Oui, certes, cette blague Carambar est aussi nulle que pas inspirée, mais on précisera que la projection de "Gunman" nous laisse tout le temps nécessaire pour chercher une diversion susceptible de nous sortir de la léthargie. En outre, autre problème plus grave, le nouveau film de Pierre Morel a le mérite de nous poser un cas de conscience : dans le monde merveilleux des nanars d’action, préfère-t-on un film à côté de la plaque qui se prend au sérieux (et qui en devient donc potentiellement hilarant) ou un film d’action carré de A à Z qui mouline du vide et du cliché ad vitam ӕternam ?

Il serait honnête de préciser qu’une aussi mauvaise note accordée au film serait en principe le signe d’un désastre artistique XXL. Objectivement, ce n’est pas le cas. Mais face à une absence aussi totale d’audace et d’originalité, doublée d’une fainéantise inouïe dans l’écriture et la mise en scène, on en arrive à changer un peu notre approche du cinéma d’action. Parce qu’un bon film d’action, ça contient quoi ? Déjà des scènes d’action originales et nerveuses, qui font preuve d’une spatialisation optimale tout en nous secouant les tripes, là où "Gunman" se contente de deux pauvres pétards et trois bagarres de cinq secondes chacune pour se donner une illusion de rythme. Ensuite un scénario qui utilise l’action comme moteur narratif et non comme prétexte, là où "Gunman" se contente d’une énième histoire d’ancien tueur à gages qui reprend les armes pour se venger (très original…) et qui bavarde beaucoup (c’est rien de le dire…) tout en souffrant d’une maladie incurable (mais vu la fin du film, on en doute…) et en emballant son ex-copine au passage. Enfin des personnages qui, au choix, favorisent l’identification par une vraie écriture ou jouent la carte du yakayo over the top en balançant des punchlines marrantes, là où "Gunman" aligne un casting d’acteurs grand luxe (Sean Penn, Jasmine Trinca et Javier Bardem !) qui jouent leur partition sans jamais y croire (il semble que seul le chèque à la fin du tournage ait eu une importance à leurs yeux).

Voilà bien le problème de "Gunman" : à moins de n’avoir jamais vu un film d’action de toute sa vie, le film n’offre strictement rien d’intéressant au spectateur et plonge ce dernier dans les bras de Morphée en seulement cinq minutes de métrage. Ancien exécutant des usines Luc Besson, Pierre Morel se contente de « faire le job » en illustrant bêtement son intrigue (coécrite avec l’ami Sean Penn et inspirée d’un roman de Jean-Patrick Manchette), en multipliant les champs/contrechamps au détriment d’une mise en scène pensée et immersive, en piochant deux ou trois micro-passages bourrins que l’on a déjà vus dans la bande-annonce, et surtout, en osant un montage final parallèle d’une lourdeur abyssale, qui voit Sean Penn tomber à terre au moment où un taureau se fait planter en pleine corrida. On précisera quand même que son personnage, censé être un tueur à gages professionnel et pour le coup en colère, évoque davantage une vachette d’Intervilles fatiguée et même pas perfusée aux anabolisants. L’acteur de "Harvey Milk" n’était clairement pas un bon choix et le voir se prendre pour le nouveau Liam Neeson n’augure rien de bon…

Que dire de plus ? Eh bien, que Jasmine Trinca a un visage aussi magnifique que ses jambes, que Ray Winstone porte toujours très bien la barbe de cinq jours, que Javier Bardem en fait décidément des tonnes pour pas grand chose, qu’Idris Elba semble avoir une obsession assez incompréhensible pour les cabanes en bois (cherchez le lien avec son rôle d’agent d’Interpol, moi j’ai rien compris…), que les dialogues de ce film ne sonnent jamais juste, que l’on s’ennuie royalement comme un rat mort, et que Pierre Morel rejoint ainsi la longue liste des exécutifs d’EuropaCorp incapables de transformer l’essai sur un projet plus personnel. À part ça, on a bien roupillé. Merci.

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

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