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LE GUETTEUR

Un film de Michele Placido

La cible est manquée !

Lors d’une opération minutieusement préparée, le commissaire Mattei voit un tireur d’élite décimer ses hommes et permettre la fuite d’un gang de braqueurs. Une véritable traque se met alors en place, Mattei étant prêt à tout pour retrouver ce sniper ; mais pour cela, il va devoir affronter de vieux secrets…

Après s’être attaqué sans grand brio au banditisme italien avec « L’Ange du mal », Michele Placido poursuit dans la veine du polar, déplaçant, cette fois, son intrigue dans nos contrées françaises. Il opte alors pour un métrage coup-de-poing, très (trop) nerveux où le spectateur n’a jamais le temps de souffler. Ici, tout n’est qu’obscurité et puanteur, rien ni personne ne peut échapper à la noirceur de la caméra de l’Italien. La véritable force du film demeure le trio d’acteurs formé par Daniel Auteuil, Mathieu Kassovitz et Olivier Gourmet, bien aidés par des seconds rôles convaincants. Retrouver Auteuil dans un énième rôle de flic névrosé n’a rien de bien surprenant, tout comme voir un Mathieu Kassovitz tirer la gueule en permanence, mais l’inventivité et l’ingéniosité du projet vont naître d’une certaine sobriété, parfait contraste avec le désordre formel de l’ensemble. Dans la retenue, les personnages vont développer toute leur complexité et permettre à Placido d’explorer d’autres pistes que le simple polar, offrant une variation notable à ce genre.

Toutefois en allouant de multiples ramifications à sa trame narrative, le metteur en scène finit par perdre le spectateur, et encore plus problématique, par s’égarer lui-même. Entre rédemption, tragédie, thriller, épouvante, Michele Placido finit par effleurer ses sujets, s’éparpillant dans des digressions et des raccourcis peu judicieux. Les errances scénaristiques suffisent à elles-seules à plomber toutes les qualités du métrage, le plongeant dans une succession de scènes, sans aucune cohérence. La construction non chronologique de l’histoire était pourtant maîtrisée, mais l’accumulation de clichés viennent à bout des efforts louables visant à transcender les codes du polar, tandis que la bande-son emphatique ne va faire que souligner toutes ces lourdeurs.

Le temps de « Romanzo criminale » apparaît bien loin pour Michele Placido qui semble avoir du mal à renouer avec les forces de ce qui reste son meilleur métrage à ce jour, notamment avec son sens du découpage. Si « Le Guetteur » n’est pas une catastrophe, il ne procure, pour autant, aucun motif de satisfaction. À vouloir lorgner du côté des productions américaines, le metteur en scène, certainement trop présomptueux, est tombé dans l’écueil de la simple avalanche de violence. Et son désir de rattacher son intrigue à des problèmes plus larges, à un contexte politique qu’il souhaite décrier, ne trouve aucune résonance tant celui-ci se traduit par une stupidité scénaristique. Si l’on est persuadé que le réalisateur italien n’est pas l’homme d’un seul film, on espère que la prochaine fois, il parviendra à atteindre sa cible.

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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