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GODZILLA X KONG : LE NOUVEL EMPIRE

Un film de Adam Wingard

Au royaume du turbo-fluo-débilo

Après avoir sauvé une partie du monde à Hong-Kong contre Mechagodzilla, les deux titans sont retournés dans leurs royaumes respectifs pour y couler des jours plus paisibles. Godzilla règne sur la surface et continue de protéger l’humanité, alors que Kong reste en Terre creuse et se sent finalement bien seul. Alors qu’il part à la recherche d’autres congénères, il ne pouvait se douter qu’il allait réveiller un royaume oublié et qui pourrait risquer de renverser les deux rois de leurs trônes respectifs. Les deux titans vont devoir cette fois-ci unir leur force…

Il est loin le temps du "Godzilla" de Gareth Edwards en 2014. 10 ans ont passé depuis cette relecture certes (plus que) perfectible au niveau de ses personnages, mais qui nous avait marqué la rétine à bien des égards grâce au savoir faire de son metteur en scène et au ton grave qui surplombait tout le métrage. Pour rappel, Godzilla est né de l’imaginaire japonais en 1954 suite aux différents bombardements atomiques subis par le pays à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Après ce reboot du gros lézard, le studio Warner avait de grands plans pour ses petites bêtes : construire un univers étendu autour des deux figures emblématiques du genre que sont Godzilla et King Kong pour les faire s’affronter à un moment X.

Malgré un accueil assez mitigé et un box office tiède sur l'ensemble de la saga (si on compare à d’autres), le studio continue sa route et préfère calquer la recette de "Kong : Skull Island" (de Jordan Vogt-Roberts, 2017) plutôt que le film de Gareth Edwards. Adieu la gravité, bonjour les blagues à tout-va, les tubes des années 70-80 balancés de façon souvent gratuite et une colorimétrie qui expérimente tout le spectre lumineux. Plus la saga avance et plus on constate que la firme veut avant tout nous présenter un divertissement pop corn où la destruction rime avec lobotomisation. Déjà dans son précédent essai avec le sobrement intitulé "Godzilla VS Kong" (2021), Adam Wingard avait commencé sur cette pente à base de combat qui singeait la beauté de ceux de Pacific Rim de Guillermo Del Toro (2013) à grand renfort de synthé à fond les ballons avec le compositeur Junkie XL (ou Tom Holkenborg pour les intimes) et des personnages humains toujours aussi mal dégrossis, mais avec une emphase et un temps d’écran sur son bestiaire qui faisait plaisir à voir. Le cinéaste venu du found-footage (l’anthologie V.H.S.) et du cinéma de genre ("You’re Next", 2021), ne choisissait pas de point de vue, mais avait le mérite d’emballer ses séquences d’actions avec énergie et quelques idées de mises en scènes par-ci, par-là.

Évidemment que l’auteur de ces lignes est friand des gros monstres qui débattent à coup d'uppercut et les films de la saga jusqu’à présent ont bien rempli leur contrat, celui-ci n’étant pas en reste. Oui le grand spectacle est au rendez-vous : du Caire à Rome en passant par l’Arctique, le film offre un dépaysement bienvenu, avec notamment ce monde souterrain qui viendra toujours titiller en nous les sensations d’un film d’aventure à la Jules Verne. Hélas, cette sensation si rafraîchissante du précédent volet est ici forcément moindre, encore plus quand le réalisateur filme ses séquences quasiment de la même manière, la sensation de redite se faisant ressentir. Ceci autant par le côté peu inspiré de la mise en scène (moins que sur le précédent) que par son histoire qui diffère mais amène le même type de situation. Finalement Godzilla et Kong ne s’entendent toujours pas, mais arrivent encore une fois à faire équipe pour terrasser une menace plus grande.

Le premier affrontement des deux géants avait eu le mérite (contrairement à son marketing) d'axer la rivalité des deux rois au centre de l’intrigue pour que leur union semble moins forcée et évidente mais plus contrainte. On nous ressert la recette, mais cette fois en passant une limite intéressante : ici l’humain se fait de plus en plus rare et on se surprend à voir des séquences entières quasi muettes concentrées sur ces monstres en images de synthèse. Louable à bien des niveaux tant le film comprend que notre intérêt est de passer le plus clair de notre temps en leur compagnie, le long métrage met hélas beaucoup trop de temps avant de dévoiler la véritable menace, qui pourtant intrigue et a un potentiel charismatique fort. Une menace assez vite expédiée, comme chaque affrontement finalement. Le long métrage nous farcit un arc narratif en plus assez inintéressant qui alourdit encore le rythme. Peut-être a-t-il eu les yeux plus gros que le ventre et l’obligation de garder une durée limitée, pour ne pas excéder le temps d’attente des vessies des spectateurs présents dans la salle, ont dû jouer avec les coupes. En résulte un film qui ne prend jamais vraiment son temps quand il en aurait besoin et s’étire sur des éléments assez superflus finalement. Mais bon, au final, qu’attendons-nous d’un film portant un titre et avec une affiche pareil ? Contrat à moitié rempli pour ce duo de flics du monde mal assortis.

Germain BrévotEnvoyer un message au rédacteur

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