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GO KARTS

Un film de Owen Trevor

Jouer karts sur sable

Nouvellement installé avec sa mère à Busselton, à l’ouest de l’Australie, Jack fait de nouvelles rencontres aux abords d’un circuit de karting. Alors qu’il tente depuis des années de surmonter le deuil de son père et que l’automobile était leur passion commune, les courses de kart pourraient bien être pour lui un moyen à la fois de libération et d’intégration…

Sortie le 13 mars 2020 sur Netflix

Les codes du film de sport sont tellement respectés que "Go Karts" n’offre pas vraiment de surprise de côté-là : les obstacles, les exploits, les découragements, les rebondissements miraculeux, le mentor acariâtre, l’adversaire impitoyable, les commentaires sportifs pleins de superlatifs, etc. Tout y est ! Pour les courses, il faut dire que le réalisateur est bien rodé, Owen Trevor ayant travaillé plusieurs années sur "Top Gear", l’émission à succès de la BBC.

Le constat est le même pour l’aspect teen movie, avec par exemple une romance courue d’avance et des bad boys chambreurs. Le côté drame est peut-être un peu moins attendu car, dans cette histoire d’orphelin (le jeune héros a perdu son père plusieurs années auparavant), le film s’écarte du traditionnel misérabilisme sur fond de rapports tendus entre une mère et son fils. En effet, s’il y a bien des tensions et inquiétudes, la relation est pleine de bienveillance et de compréhension mutuelle. De même, l’ado en question n’est ni le beau gosse sûr de lui, ni le marginal associable, mais plutôt un mélange inhabituel de ces deux archétypes. Les flashs introduisant le personnage du père sont plus malhabiles, mais ils ont le mérite de tenter une approche originale sur fond de mélange entre réalité et virtualité, en lien avec un jeu vidéo de course auto sur lequel Jack essaie de battre le record paternel.

C’est plus du côté des personnages que le film parvient à susciter l’intérêt. Attachants, parfois décalés, ils suscitent une certaine sympathie, malgré un jeu relativement convenu dans l’ensemble – pour la qualité de l’interprétation, on retiendra surtout Dan Wyllie en policier gauche et Richard Roxburgh en entraîneur grincheux et pudique. Certaines scènes parviennent même à susciter à la fois le rire et l’émotion, comme lorsque le jeune Jack encourage le policier à draguer sa propre mère. Bien que secondaire, un autre intérêt du film demeure dans le discret message féministe, au travers de l’adolescente passionnée à qui son père ne veut pas confier l’ingénierie de son écurie de karting malgré ses compétences évidentes, alors que son frère, pilote arrogant et surcoté, est soutenu plus que de raison. Au final, l’esthétique très années 80 (bien que se déroulant à notre époque) et la sincérité des sentiments rendent ce film australien plutôt tendre et agréable à voir malgré son manque de créativité.

Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur

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