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GLORIA MUNDI

Un film de Robert Guédiguian

Radioscopie d'un monde où l’entraide est mise à mal

A sa sortie de prison, Daniel retourne à Marseille, où il retrouve Sylvie, son ex-femme, coomptant bien faire la connaissance de sa petite fille, Gloria, que leur fille vient de mettre au monde. Dans cette famille recomposée, les attitudes face à des conditions de travail de plus en plus dures et précaires, sont très différentes, et les générations comme les personnalités comptent dans la manière d’appréhender la société d’aujourd’hui. Daniel, lui, observe et voudrait bien aider…

Gloria Mundi film image

C’est sur une naissance que s’ouvre le nouveau film de Robert Guédiguian ("Marius et Jeannette", "La villa »), celle de Gloria, fille de Mathilda (Anaïs Demoustier), dont il introduit peu à peu la famille, le père, chauffeur VTC (Robinson Stévenin), la grand mère (Ariane Ascaride), femme de ménage au port), le grand beau-père (Jean-Pierre Darroussin), chauffeur de bus, le grand père récemment sorti de prison (Gérard Meylan), la tante et son mari, propriétaires d’un magasin d’achat revente (Grégoire Leprince-Ringuet et Lola Naymark). Au travers de ce petit groupe, ce sont les thématiques de l’argent, du travail et de l’entrepreneuriat, mais surtout celle de l’entraide qu’il va passer au tamis de sa vision du monde d’aujourd’hui.

Cinéaste du social par excellence, Guédiguian met en scène ici la valse des individualismes représentés par les nouvelles générations, tentées pour partie par le succès à tout prix (même la compromission ou la trahison), et les anciennes, qui s’attachent à des droits acquis et parfois inadaptés, ou mettent en avant la nécessité d’une entraide, sans laquelle tout un tissu est voué à disparaître ou à plonger dans la misère. Ainsi, sur un ton légèrement désabusé, proche de celui de son film précédent, "La villa", l’auteur, qui situe une nouvelle fois l’action dans sa chère ville de Marseille, livre une critique plutôt bien sentie de la pensée politique actuelle, réduisant la société à deux classes de personnes : ceux qui entreprennent et les minables.

Si le casting est une nouvelle fois impeccable (Ariane Ascaride, son actrice fétiche et compagne, a même obtenu le Prix d’interprétation féminine à Venise pour son rôle de grand mère malmenée mais combative, l’accumulation de malheurs, tentant d’embrasser de multiples thématiques d’actualités, tout comme la volonté de développer à l’égal chacun des sept personnages, finit par provoquer un trop plein, difficile à gérer sur la fin du métrage. Reste que le scénario tente une inclinaison vers une certaine forme de poésie et de sagesse, incarnée par ce personnage de grand-père fraîchement libéré (Gérard Meylan), calme observateur adepte de haïkus un peu simplistes, et qui privilégie cette fois-ci quelque part l’action à la négociation face à ceux qui incarnent le pire. Il interroge ainsi, tout comme l’enfant du film, le lègue fait aux générations futures, notamment en terme de cohésion et d’entraide, pas seulement familiale.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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