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FORGOTTEN

Un film de Alex Schmidt

Un conte fantastique venu d'Allemagne, qui sent le déjà vu

Deux gamines, vêtues de blanc, courent dans la neige et s'aventurent dans des ruines, pour mieux jouer à se faire peur. L'une d'elle conte alors à l'autre l'histoire d'une petite fille enfermée autrefois par les villageois dans ce sous-sol, et qui ne pouvait en sortir que si quelqu'un avait pris sa place, pour l'éternité. Mais à peine a-t-elle fini son récit, qu'apparaît dans l'ombre la silhouette d'une gamine, lâchant quelques billes sur le sol...

Séance de minuit du Festival de Venise 2012, également présenté à Gérardmer en 2013, le film allemand « Forgotten » (loin du titre original traduit, ce qui donnerait « tu as juré ») navigue quelque part entre le vrai navet et le film de genre à l'histoire inspirée. Son scénario, longtemps poussif, prend de l'ampleur sur la fin, les pièces du puzzle s'imbriquant cependant un peu tard pour créer une réelle tension.

Débutant sur des plans d'une beauté inquiétante, le film dévoile l'imprudence de deux gamines, s'aventurant dans des ruines, le réalisateur choisissant sciemment de ne rien révéler du drame qui s'est alors joué. Il enchaîne directement, après un bon dans le temps de quelques années, avec les retrouvailles des gamines devenues femmes, lors d'un triste épisode à l'hôpital, l'une étant devenue médecin. Ménageant ainsi de multiples pistes, peut-être trop nombreuses pour ne pas lasser le spectateur en route, avant de lui asséner l'ultime vérité, « Forgotten » perd tout intérêt en route, malgré l'utilisation de codes rebattus sur l'amitié enfantine (échange de bracelets, promesse de sang...) et une inquiétante prophétie forcément vouée à se réaliser encore et encore.

Le gros problème du film réside en réalité en son point de départ. Pourquoi l'héroïne accepterait-t-elle de retourner sur l'île où elle a passé son enfance, malgré le drame qui s'est joué sur place ? Sa prétendue amnésie semble bien trop pratique pour ne pas rendre d'emblée l'ensemble du film totalement bancal. Fable qui se veut sans pitié sur l'amitié, la trahison et la cruauté enfantine, « Forgotten » sera malheureusement très vite oublié.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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