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FAUNA

Un film de Nicolás Pereda

Un habile jeu avec le jeu et l’imaginaire collectif

Un frère et une sœur rendent visitent à leurs parents de manière simultanée. La sœur est accompagnée de son petit ami, comédien, qui joue dans la série « Narcos« . Alors que la mère les accueille, ce dernier part à la recherche de cigarettes dans leur petit village aux rues quasi désertes…

Fauna film movie

Avec une arrivée en voiture, en caméra subjective, dans un village reculé de la campagne mexicaine, "Fauna" nous place quasiment dans la position du petit ami, déboussolé, par l’incertitude du GPS, puis par le comportement des membres de cette famille. Passant de l’attitude d’un inconnu qui lui vendra des cigarettes à prix d’or (dont on nous dévoilera plus tard l’identité...), aux demandes insistantes du père pour qu’il joue une des scènes de sa série, et à la lecture d’un roman que le frère a en cours, l’auteur utilise ses acteurs, remarquables, pour créer de multiples mises en abîmes autour de la notion de jeu, tout en montrant comment tout un imaginaire lié aux gangs, aux disparitions, à la loi du silence et à la violence, semble imprégner la société, jusqu’au sein des familles les plus quelconques.

Le petit ami se retrouve ainsi à jouer une scène « sans dialogue » dans un bar de quartier, pour deux spectateurs peu enjoués mais qui en veulent toujours plus, devant du coup s’inventer un rôle plus couillu (et parlant) dans un second temps. Francisco Barreiro ("Ne nous jugez pas") joue ainsi dans le film un acteur qui joue une scène de série. Quant au frère et à la sœur, ils sont tout à coup projetés dans l’intrigue du livre que lit celui-ci, perruques et ustensiles à l’appui, croisant le petit ami en stéréotype de mafieux menaçant. Et comme l’intrigue du livre implique de séduire une femme, Fauna, sur les conseils de sa sœur, Flora (petit trait d’humour au passage) pour qu’elle échappe à son amant, on se retrouve dans le film avec les deux acteurs Luisa Pardo et Lázaro Gabino Rodríguez jouant les protagonistes d’un livre que leurs personnages lisent, et répétant un autre rôle que ceux-ci vont devoir jouer.

Tout cela est en réalité bien moins vertigineux à l’image, provoquant un réel plaisir, sans parler de quelques surprises, chacun pouvant se retrouver dans la manière dont il visualise lui-même le prochain épisode de sa série favorite ou les personnage d’un livre qui l’absorbe. Même la somnolence au fil des lectures, ici dans un coin ombragé d’un jardin en pleine chaleur, semble transparaître avec acuité dans la dernière partie. Un véritable petit plaisir de cinéphile, dans lequel les interprètes semblent eux aussi trouver de quoi jubiler.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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