EXCURSION
Spirale
Iman, blonde avec des mèches roses, est une élève de 3ème dans un collège de Sarajevo, qui lors d’un jeu « action ou vérité » avec des camarades, explique ce qu’elle a lu sur internet concernant des partouzes, et apprend au même moment qu’une rumeur court sur le fait qu’elle a une relation sexuelle avec un garçon plus âgé qu’elle, Damir. Sa meilleure amie, Mediha, sait elle que cela n’est pas vrai, mais que Iman s’intéresse en tous cas à ce garçon, dont la réputation de séducteur est connue de tous…
C’est avec un étrange mélange de curiosité, mais aussi de contentement à l'idée que l’on puisse lui prêter le fait d’avoir « couché » au delà des prélis (les préliminaires, qui semblent chose courante), que l’héroïne du film, Iman, adolescente, magnifiquement interprétée par la jeune Asja Zara Lagumdzija, semble évoluer. Petit sourire régulièrement aux lèvres, regard pétillant lorsqu’on lui parle du garçon sur lequel elle fantasme, Iman devient tout à coup le centre d’attention de ses camarades parce qu’elle a osé les choses du sexe, la limite de l’âge et du mariage étant évoquée en second plan par certains. Rien de plus facile pour elle, du mensonge par omission de départ (le spectateur étant mis dans la confidence en assistant aux scènes avec sa meilleure amie), de passer finalement à des mensonges plus gros, jusqu’à ce qu’un vomissement à l’école déclenche la rumeur ultime.
Entre insouciance face aux conséquences, que ce soit dans la réaction des adultes (qu’il s’agisse des parents ou de l’administration du lycée), ou des réactions réelles de certains ou certaines camarades, le scénario fait évoluer le personnage entre son désir de grandir et son obsession à obtenir ce qu’elle veut : ce garçon séduisant qui lui, connaît et maîtrise son pouvoir d’attraction. En choisissant de se concentrer sur le désir irrépressible de la jeune héroïne (elle est fascinée par un jeune couple amoureux qui habite le même immeuble) et de suggérer un début de harcèlement plus que d’en montrer les actes, "Excursion" parvient à cerner la logique d’exclusion qui vise une nouvelle fois plus la victime que les harceleurs. Au final le film remue les entrailles et séduit par son personnage féminin fort, révélateur des mécanismes à l’œuvre dans une société bosniaque sous tensions religieuses comme machistes, mais pas encore prêt à passer à l’âge adulte, la scène de conclusion venant enfoncer le clou de son immaturité.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur