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EVERY YOU EVERY ME

Un dispositif original, qui finit par trop contraindre le récit

Nadine est appelée pour venir chercher son compagnon Paul, qui vient de faire une énorme crise d’angoisse lors d’un entretien pour un poste. Rapidement, elle parvient à calmer celui-ci et même à lui obtenir une seconde chance pour l’entretien. Travaillant toujours aujourd’hui dans la même entreprise de métallurgie, elle a cependant de plus en plus de mal à comprendre ce qui l’attache encore à cet homme, ou même à se rappeler pourquoi elle était amoureuse de lui…

"Every You Every Me" est un film allemand, présenté au Festival de Berlin 2024 dans la section Panorama, et qui a l’avantage de son concept. Alors que la femme, Nadine rentre dans le local où son compagnon s’est enfermé, c’est un bœuf qu’elle va trouver et étreindre, afin de le calmer. Puis c’est un enfant qu’elle va retrouver, serrer dans ses bras, lui parlant étrangement de « leur fille ». Celui-ci veut alors, dans un langage étrangement adulte, présenter ses excuses au patron. Et quand ce dernier apparaît, c’est un homme adulte qui s’adresse à lui. On comprend alors ce principe qui va sous tendre l’ensemble du film : représenter les attitudes ou comportements de Paul par différentes personnes ou personnages (Paul enfant, Paul jeune adulte, Paul a plus de 40 ans, ou sous forme de bœuf) en fonction des situations et de ses interactions avec les autres ou avec Nadine. Toutes ces formes correspondant aux perceptions de Nadine, qui aujourd'hui doute de son amour pour lui.

Mais les choses se complexifient encore lorsqu’il s’agit de representer le présent, ou certains souvenirs correspondant donc à dés flash back. Ceci d’autant plus que Nadine, elle, quelle que soit l’époque ne change pas. Interprétée par Aenne Schwarz ("Stefan Zweig, adieu l'Europe"), assez remarquable d’intériorité, ce sont ses questionnements à elle qui prennent peu à peu le dessus, dans cependant une certaine apathie qui plombe quelque peu le film. De plus, ce récit qui n’est déjà pas tout rose au niveau de la relation de couple, même si quelques uns des flash back montrent des moments de complicité entre eux, fait de l’histoire de restructuration de l’entreprise un élément finalement purement utilitaire, servant certes à montrer la combativité et l’épuisement progressif du personnage principal, mais surtout à construire une assez vaine résonance avec l’état de ses sentiments.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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