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ELLE L’ADORE

Un film de Jeanne Herry

La groupie du chanteur

Muriel est esthéticienne. Elle est bavarde, un peu menteuse, et adore raconter des histoires souvent farfelues. Depuis 20 ans, Muriel est aussi fan n°1 du chanteur à succès Vincent Lacroix. Avec ses chansons et ses concerts, il occupe presque toute sa vie. Une nuit, Vincent sonne à sa porte. C’est toute sa vie qui bascule : elle est entraînée dans une histoire qu’elle n’aurait pas osé inventer…

Comme son nom ne l’indique pas, Jeanne Herry n’est autre que la fille de Julien Clerc et Miou-Miou. En sachant cela, difficile de ne pas guetter dans ce scénario de premier film des indices mettant en lumière d’éventuelles traces autobiographiques. Mais rien à signaler là-dessus. Cependant, le titre du film, qui évoque étrangement le refrain d’une célèbre chanson de Michel Berger, installe d’emblée un lien avec l’univers du spectacle et du show-biz en concentrant l’intrigue sur une groupie un peu timbrée, incarnée par une Sandrine Kiberlain qui n’est décidément jamais meilleure que lorsqu’elle essaie de l’être pour de vrai (si vous n’êtes pas convaincu, revoyez "Rien sur Robert" ou "9 mois ferme"). La voilà manipulée par son idole de chanteur populaire (Laurent Lafitte, impeccable dans le registre de l’étourdi paumé) qui cherche alors un moyen de se sortir d’une situation aussi maladroite que profondément délicate… En révéler davantage serait faire preuve de traîtrise, nous en resterons donc là pour ce qui est de l'intrigue.

Contre toute attente, au beau milieu d’un océan de « purges » hexagonales et pseudo-populaires qui vident les salles obscures de 2014 autant qu’ils assèchent le lac à fous rires, "Elle l’adore" fait figure d’îlot rassurant. Un film on ne peut plus réjouissant car faisant preuve d’un équilibre parfaitement dosé entre une pure situation de comédie ubuesque et un canevas de thriller hitchcockien légèrement déglingué. On le sait, la comédie est depuis toujours une affaire de mécanique avant tout, et Jeanne Herry, en réglant aussi bien son minutage, réussit toujours à créer la surprise, disséminant ses informations tout au long d’un montage bien charpenté et générant quelques surprises qui accrochent immédiatement. Et même si elle se perd parfois dans une sous-intrigue adultère à base de disputes entre flics (dont l’utilité se limite à offrir une porte de sortie lors du final), elle se rattrape sur son couple vedette, pour le coup éloigné de l’image d’un tandem angélique : d’un côté, la mythomane barrée, et de l’autre, l’égoïste inavoué. Pourtant, aucune antipathie là-dedans, juste le plaisir entretenu de voir jusqu’où leur « association » va les mener, entre tensions délirantes (pour eux) et bouffées d’hilarité (pour nous). On n’en demandait pas plus.

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

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