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DEUX FILS

Un film de Félix Moati

Une certaine ambiguïté à l’égard de la vie

Après la mort de son frère, Joseph est très perturbé et décide de devenir écrivain. Pendant ce temps son fils aîné délaisse ses études suite à une rupture sentimentale. Son petit frère Ivan perd alors toute estime pour ses « deux pères » qui ne cessent de le décevoir. Il cherche alors à conquérir une de ses camarades de classe pour prouver qu’il n’est pas aussi faible qu’eux…

Deux fils film image

L’affiche de "Deux fils", que l’on aurait aussi envie d’appeler « Trois frères », nous montre deux adultes tenant à la main un enfant barbu. Cette idée assez surprenante permet de représenter les deux fils du titre comme deux jeunes garçons contraints de vivre en autonomie face à un père défaillant. C’est la combinaison officielle des personnages, mais l’on peut en identifier d’autres : on aurait aussi bien vu le plus jeune frère en adulte au centre tenant la main de son grand frère et de son père, tous deux en enfants. C’est une histoire qui suit une période de la vie de ses trois protagonistes de manière indépendante, tout en les faisant se croiser régulièrement. Ce sont trois générations qui se regardent et essayent de s’éviter, alors qu’elles sont dépendantes les unes des autres. Un sujet plutôt sérieux, traité sans artifice, ce qui surprend pour un premier film mis en scène par un réalisateur si jeune. Félix Moati est non seulement derrière la caméra mais aussi derrière le stylo, ce qui lui permet de faire preuve d’un talent certain pour l’écriture des dialogues grâce à un humour subtile. En revanche l’intrigue manque d’enjeux et de densité, ce qui rend difficile l’implication émotionnelle vis-à-vis du sort des personnages.

Son talent de cinéaste est également moins évident dans la mesure où l’on a bien du mal à identifier de véritables idées en termes de mise en scène, de cadrage et de photographie. Il adopte un style détaché typique de l’époque, qui ne permet aucune fulgurance visuelle. L’ambiance jazzy qui accompagne les déambulations au cœur de Paris laisse deviner l’influence, visiblement inévitable encore aujourd’hui, de l’esprit de la Nouvelle Vague. Tout cela peut bien sûr se comprendre dans le cadre d’une première œuvre qui n’a pas encore trouvé son style. En revanche on sent le réalisateur beaucoup plus à l’aise dans la direction d’acteurs, qui exploite bien le potentiel de chaque membre du trio. Poelvoorde parvient à jouer en retrait en faisant preuve d’une justesse impeccable, tandis que ses deux partenaires jouent leur carte avec beaucoup de naturel. Au final le film est drôle, bien joué et prenant, ce qui fait tout de même suffisamment de bonnes raisons pour en profiter et espérer le retour de Félix Moati avec un aussi bon casting.

David ChappatEnvoyer un message au rédacteur

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