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DESTROY ALL NEIGHBORS

Un film de Josh Forbes

Une blague un peu trop longue pour son propre bien

William Brown et sa petite amie Emily vivent ensemble dans un appartement qui a la particularité d’avoir des murs aussi fins que des feuilles A4. Après l’emménagement de leur nouveau voisin Vlad, les nuisances sonores se font réellement incessantes. William prend le problème à bras le corps et tue accidentellement son nouveau voisin de palier. C’est alors que les ennuis commencent…

La Nuit décalée du festival Gérardmer nous apporte toujours son lot de surprises. Entre véritables ovnis cinématographiques et bonnes barres de rires, cette folle soirée est un moment forcément attendu des festivaliers. Cette fois c’est le film du réalisateur Josh Forbes qui ouvre les festivités. L’idée du début est amusante : on se retrouve avec un protagoniste procrastinateur au possible et lâche de surcroît. Mais ce William est rendu attachant surtout grâce une interprétation de haute volée de la part de Jonah Ray, dont le potentiel comique est bien présent, mais aussi grâce à son écriture.

Musicien de rock progressif expérimental que personne n’écoute, attentionné envers sa petite amie, il a tendance à oublier les listes de courses. Mais surtout ce pauvre Willy se fait marcher dessus par ses voisins qui abusent de sa (fausse) gentillesse. On remarque alors très vite les défauts de cet homme-enfant incapable de grandir et on ne peut qu’être empathique ou révolté face à certains de ses choix. L'arrivée de Vlad, le voisin bruyant à l’extrême, va forcément mettre le doigt sur les éléments de la vie de William qui doivent évoluer. Malheureusement pour lui, il ne va pas forcément faire les bons choix et va peu à peu perdre la tête.

Si la première partie du métrage se tient bien et enchaîne les situations comiques, les phrases bien senties et des gags bourrés d’hémoglobine, c’est malheureusement pour mieux retomber ensuite. Hélas, tout ceci dure trop longtemps, malgré seulement 1h25 de métrage. Et malgré les tonnes de prothèses pour grimer l’acteur qui joue Vlad et des effets pratiques assez saisissants (on pense à Léonore évidemment, vous comprendrez), le film a tendance à tourner en boucle sur ses situations et rajoute même un épilogue un peu forcé sur sa fin.

La blague grasse s’étire péniblement et notre fatigue avec. La même vanne 10 fois, cela peut devenir un peu lassant. Et pourtant on aime l’univers que le metteur en scène nous présente, qui tourne autour de personnages hauts en couleurs et portent des thématiques qui font mouche et sont assez bien tenues sur la première moitié du métrage. Et puis patatra. On sent également un réalisateur qui n’a pas voulu trancher en choisissant son camp vis à vis des délires de William : les cadavres ambulants qui tournent autour de lui sont parfois reconnus comme réels par les seconds couteaux du film (formidable tandem de producteur de musique et d’artiste cocaïné porté par les génialissimes Thomas Lennon et Ryan Kattner) et en même temps, notamment vers la fin, changement d’épaule et on nous montre qu’ils sont le fruit de son imagination. L'ambiguïté avec le fantastique aurait pu être intéressante mais le film ne choisit jamais. On se retrouve enlevé de notre immersion en se posant naturellement la question pendant que Vlad et ses amis font proliférer les pires horreurs comme depuis 45 minutes déjà.

Malgré de bonnes idées réellement drôles (l’artiste déchue de rock en tuto sur internet, on conseille !) et sous couvert de générosité, le film se retrouve à faire du remplissage et de l’étirement aussi inutile que lourdingue. Qui a dit que les blagues les plus courtes sont les meilleures ?

Germain BrévotEnvoyer un message au rédacteur

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