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LE DERNIER LOUP

Pour la beauté des paysages et du loup, magnifiée par Jean-Jacques Annaud

À la fin des années 60, pendant la Révolution culturelle, plusieurs millions de jeunes chinois sont déplacés. Chen Zhen se retrouve alors dans une tribu de Mongolie-Intérieure, une province autonome de Chine, pour leur transmettre son savoir. Mais c’est d’abord à lui qu’on apprend une des choses les plus importantes de ces lieux : la présence du loup, grand prédateur des steppes. Chen est vite envoûté par l’animal et décide un jour de capturer un louveteau pour l’élever…

Décidément entre Jean-Jacques Annaud et le film animalier, c’est une grande histoire d’amour. Le réalisateur du "Nom de la Rose" a, en effet, déjà mis en scène "L’Ours" (1988) et "Deux frères" (2004). Après les plantigrades et les tigres, c’est au loup qu’il crie avec un film tourné en Mongolie-Intérieure ; un tournage de 15 mois, dur, intense, dans des conditions difficiles et qui se voient à l’écran ! L’histoire, elle, est adaptée d’un récit autobiographique Le Totem du loup, sorti en 2004 et qui a été un véritable best-seller en Chine.

"Le Dernier loup" est globalement une petite déception. D’autant qu’on sent Annaud pleinement investi dans son métrage. Le résultat est, en effet, d’une très grande beauté. Le réalisateur français magnifie avec maestria les paysages de Mongolie-Intérieure, une région reculée du monde avec ses immenses étendues de steppes, herbeuses, à perte de vue. Il se sent évidemment porteur d’un message écologique fort dans une Chine aujourd’hui montrée du doigt en matière de lutte pour la protection environnementale de la planète. Il réalise, enfin, de grands moments de cinéma, à l’image de cette course poursuite infernale de nuit où une meute de loups pourchasse un troupeau de chevaux que tentent de protéger les hommes du village. Une scène qui n’en finit pas, tournée à cent à l’heure, avec ses plans larges et très serrés, des vues au ras du sol, depuis les airs et à dos de chevaux. Annaud nous rappelle ici qu’il est toujours un grand réalisateur qui n’a nullement perdu de sa superbe.

Les loups sont l’autre atout majeur de son film. Atout charme quand on est en présence des louveteaux, petites peluches de boules de poils, atout émotion quand on apprend le funeste destin de ces petites créatures lorsque les hommes des steppes les découvrent, atout frisson quand à l’âge adulte ils rôdent autour des campements et menacent les bêtes. Annaud les filme intensément pour en faire les stars de son long métrage. Il y arrive tellement bien, que du coup, au fil du récit – qui parfois s’étire un peu trop en longueurs – il en oublie les protagonistes de son histoire, ne convainc pas totalement avec sa love story maladroite, et met trop en réserve le sort de ces femmes et hommes mongols chassés par un pouvoir autoritaire, auxquels, au final, on prête moins d’attention qu’aux loups et au message écolo…

Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur

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