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THE DEEP BLUE SEA

Un film de Terence Davies

Choisir l'amour

Dans le Londres de l’après guerre, une femme se donne la mort, en ouvrant le gaz. Victime des conventions de l’époque, elle se faisait passer pour Mrs Page auprès de sa propriétaire, alors qu’elle s’était en réalité enfuie avec son amant, sans même pouvoir divorcer…

Cela faisait dix ans, depuis la sortie de « The house of mirth » (traduit en français par « Chez les heureux du monde » avec Gillian Anderson) que l'auteur anglais Terence Davies, également réalisateur de « La bible de Néon » (1995) et « The long day closes », n'avait pas donné de ses nouvelles. Le voici de retour avec un film en costumes, adaptation de Terence Rattigan, relatant dans le Londres de l'après-guerre, en un flash-back qui pourrait n'être qu'un long rêve, l'histoire d'adultère d'une femme ayant choisi l'amour plutôt que l'aisance.

Fascinée par un ancien combattant, jeune et séduisant, elle bravera les interdits de l'époque pour vivre avec lui dans une pension, sous son nom de famille alors qu'elle n'a pu obtenir le divorce. Le début du film est brillant. Dans la scène de suicide au gaz, qui pose en parallèle la fiévreuse consommation de l'adultère, la caméra tourbillonne à la verticale de la couche (lieu du délit), continue sur les draps souillés et termine sur la couverture où s'allonge l'héroïne pour s'endormir définitivement. Le traitement sombre de la photo, des décors et des costumes (manteau rouge foncé, tapisseries marrons...) traduit parfaitement la tristesse de cette femme, que rien ne semble satisfaire, mais rend pénible la vision du film.

S'il est doué pour concocter des ambiances empoisonnées, Terence Davies a bien du mal à faire passer la passion au milieu de tant d'engoncement. Il réussit aussi à dépeindre un certain traumatisme de la guerre, presque réclamé, ainsi qu'une certaine idée du respect. La belle prestation de Rachel Weisz, dont la mélancolie surgit derrière une bienséance de façade, capable d'affronter avec fierté une belle-mère acariâtre et d'abandonner un mari aisé mais soumis, ne réussira cependant pas à animer un film résolument déterminé à exprimer la désespérance d'une femme civilisée étouffant dans son époque. La fin, semblant d'apaisement embrumé, ne fait qu'enfoncer le clou, laissant le spectateur dans un malaise certain.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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