Bannière Reflets du cinéma Ibérique et latino américain 2024

DANS MA PEAU

Un film de Marina De Van

Dérangeant mais captivant : un voyage sans limites dans les tréfonds d'une âme en perdition

Esther (Marina De Van), trentenaire ambitieuse, réussit après un stage, à se faire embaucher. En parallèle, après une blessure à la jambe, elle se découvre des pulsions auto destructrices. Commence alors une série de mutilations auxquelles elle prend goût, et qui pourraient bien lui coûter sa relation avec Vincent (Thibault de Montalembert)…

En nous emmenant avec elle, au bout de cette sorte de voyage initiatique, entre douleur jouissive et éloignement de la normalité, Marina De Van signe un premier long métrage aussi étrange que perturbant. Dès le générique de début, montrant une image et son négatif (en split screen), toujours en cadrages légèrement décalés, elle nous convie à découvrir la face cachée d'une femme, qui se découvre elle-même.

Dans un milieu du travail qui manque désormais de sens, un monde où les flots d'images violentes annihilent peu à peu les sensations, celle-ci se confronte à son insensibilité et son goût retenu pour la douleur. Dans le même temps, le spectateur découvre lui aussi ses propres dégoûts ou ses peurs primaires, et doit parfois lutter pour garder les yeux rivés sur l'écran.

Le point d'orgue du film est certainement cette scène de repas d'affaire, à la fois hallucinante et hallucinée. Le spectateur y partage consciemment le secret de cette femme, face aux périls liés à une possible découverte de sa " perversion ". Il suit les successives pertes de contrôles, les envies, les besoins qui prennent peu à peu le dessus sur le réel. Il devient le complice inquiet de ses visions, de cette solitude qui s'installe, et qui va peu à peu l'absorber.

A la fois cru, sanglant et sans concession, il est impossible de rester de glace face à cet ovni qui admet une esthétique du sang et de la chair, et qui donne à réfléchir sur la condition de chacun. Un film qui redonnera sans problème des sensations à ceux qui n'en éprouvent plus.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

Laisser un commentaire