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THE DANISH GIRL

Un film de Tom Hooper

Sobre côté interprétations, académique côté mise en scène

1926. Einar Wegener, une peintre reconnue, est en couple avec Gerda, également artiste. Alors qu’elle lui demande de poser pour elle, celui-ci commence à ressentir un trouble, notamment au contact des vêtements féminins qu’il doit porter. Un trouble qui va progressivement devenir certitude, celle de son appartenance au genre féminin…

En choisissant d'évoquer le parcours de la première transsexuelle de l'Histoire, Tom Hooper s'attaquait forcément à un sujet délicat. Avec un certain tact, il a su rendre les scènes de trouble du personnage principal, découvrant progressivement cette certitude d'être une femme, au travers de petits moments de vie (la visite des loges de l'opéra, le contact d'une main avec le tissu lorsqu'il pose, le besoin soudain de quitter ses vêtements d'homme...).

Depuis ces premiers essayages, jusqu'à l'opération chirurgicale de réattribution sexuelle, c'est avant tout l'exploration du personnage principal qui intéresse le réalisateur. Du plaisir de jeux érotiques impliquant des sous-vêtements féminins, au mélange de danger, honte et délivrance, lorsqu'il accepte de sortir en Lili, ce double féminin qui ne le contentera qu'un temps, c'est autant son évolution que le changement de nature dans l'implication de la femme, qui fascine.

Récompensé de multiples Oscars, "Le Discours d'un Roi" avait valu une solide réputation à Tom Hooper, un rien écornée par les excès de démonstration de ses "Misérables" avec Hugh Jackman et Anne Hathaway. La reconstitution des années 1920 est plutôt réussie, et même si la mise en scène reste académique et parfois trop démonstrative (le passage dans la cabine de striptease), l'émotion est bien présente, ceci principalement grâce à deux interprètes formidables.

Il y a d'abord Eddie Redmayne, oscarisé en 2015 pour son rôle dans "Une merveilleuse histoire du temps", qui incarne avec sobriété et conviction le personnage du peintre de paysages danois, surtout impressionnant dans son expression de l'incompréhension initiale. Mais il y a surtout la Suédoise Alicia Vikander (découverte en 2015 dans "Agents très spéciaux : code UNCLE" et "Ex Machina"). Elle est absolument prodigieuse dans son rôle d'artiste féminine, peintre de portrait, que sa condition de femme empêche d'être reconnue, passant d'ouverte et provocatrice, à bousculée dans ses certitudes.

Au final, c'est la complicité entre ces deux êtres, dans leur union et leurs incompréhensions, qui est intelligemment mise en avant. Angoissant lorsqu'il montre le défilé des "solutions" proposées à l'époque par les médecins, le scénario construit l'isolement progressif du personnage jusqu'à nous tirer quelques larmes. Sans doute l'un des favoris pour les prochains Oscars, qui vaudra peut-être à Eddie Redmayne une seconde statuette d'affilée.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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