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CYRUS

Un film de Mark Duplass

Ennemi intime

Encouragé par son ex-femme, qui se préoccupe toujours de lui, un quarantenaire se rend à une fête. Comme d'habitude, imbibé d'alcool, il manque de se rendre ridicule auprès de la plupart des femmes auxquelles il tente d'adresser la parole, sans parler du solo de danse qu'il entame lorsque surgit l'une de ses chansons préférées. Mais c'est pourtant ce morceau de bravoure qui lui vaudra d'être remarqué par une femme, mère d'un certain Cyrus...

« Cyrus » est un petit film indépendant américain, qui ne démérite pas par ses intentions, mais ne remporte cependant pas une réelle adhésion. Sorti de la longue introduction, montrant un quarantenaire dépressif incapable de se reconstruire une vie (John C. Reilly, impeccable), le scénario surprend un peu lorsque l'on découvre que le fils de Marisa Tomei a largement plus de 20 ans et vit toujours à la maison, dans les jupes de maman. Commence alors un affrontement stérile entre les deux mâles, le doute sur les mauvaises intentions du gamin ne planant pas assez longtemps pour pouvoir rendre la situation réellement ambiguë.

Manque de motivations des personnages, psychologies à peine développées, le scénario flanche peu à peu. Et malheureusement, sa jalousie maladive supposée, sa peur de la solitude, font du personnage de Cyrus un asocial couvé par une mère ultra-protectrice, qui tourne trop subitement au manipulateur en herbe, prêt à quitter la maison pour mieux y revenir. Malgré le regard de dément de Jonah Hill (« Supergrave »), son personnage ne convainc pas totalement, et surtout ne parvient pas à générer chez le spectateur une réelle peur, qui pourrait emporter à la fois le nouveau et indésirable paternel, comme la fragile mère. Dans ce dernier rôle, c'est finalement Marisa Tomei qui excelle, en mère sujette au doute, oscillant entre désir et peur d'une nouvelle relation, entre épanouissement visible et fuite. Depuis son oscar du second rôle pour « Mon cousin Vinny », on n'a pas eu beaucoup l'occasion de la voir dans de jolis rôles. En voici un à sa mesure, et qui met formidablement en valeur son charme.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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