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CYRANO

Un film de Joe Wright

Cyrano n’a-t-il pas suffisamment souffert ?

Cyrano de Bergerac a beau être à l’aise aussi bien avec la parole que l’épée, son apparence physique lui laisse penser qu’il n’a aucune chance avec la belle Roxanne. Pire, en prêtant sa plume au charmant Christian, Cyrano voit un drame lui arriver : observer Roxanne tomber amoureuse d’un autre…

Cyrano film movie

Si toutes les œuvres d’Edmond Rostand n’ont pas connu un grand succès, sa pièce iconique, "Cyrano de Bergerac", ne cesse elle d’être adaptée. Après Jean-Paul Rappeneau et sa relecture culte de 1990, les innombrables réinterprétations théâtrales (notamment "Edmond" d’Alexis Michalik qui se joue encore aujourd’hui à guichet fermé), voici que Joe Wright s’intéresse à ce héros français et sa protubérance nasale. Sauf que le cinéaste ne s’attaque pas directement à la pièce, mais à sa version musicale montée par Erica Schmidt en off-Broadway. Le faciès du protagoniste n’est plus le « roc », le « pic », le « cap », que dis-je, cette « péninsule » qui lui valait de rester dans l’ombre, c’est désormais sa petite taille qui l’oblige à taire son amour pour la belle Roxane.

Reprenant la base du triangle amoureux, le charismatique Christian étant entré dans la ronde, aidé à contrecœur par Cyrano, qui lui souffle les tirades les plus aiguisées à déclamer pour séduire celle dont lui rêve, le film baroque et kitsh est à l’image des précédents projets de Joe Wright. Comme souvent, le réalisateur de "Orgueil et Préjugés" et "Anna Karenine" déploie une panoplie de couleurs outrancières, un goût de l’excès qui flirte toujours avec le mauvais goût, et une démesure formelle supposée incarner la fougue des personnages. Si certains de ces métrages avaient réussi à dynamiser le matériau originel, on ne peut malheureusement pas en dire autant de cette tentative 2022, tant celle-ci sombre dans le grotesque et le mielleux soporifique. Pas aidé par des chansons relativement banales, cet opéra pop ne parvient jamais à nous inviter dans son tourbillonnement, suscitant comme seul émoi un profond ennui.

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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