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CU LI NEVER CRIES

Un film de Lân Phạm Ngọc

Un double portrait de femmes en pleine incertitude

Une femme âgée revient dans sa ville portuaire, avec une urne et un animal, un loris, seul héritage de son mari décédé, qu’elle n’avait pas vu depuis des années. Sa nièce, qui fait nourrice à domicile, prépare son mariage avec anxiété, sachant que son compagnon n’a pas encore annoncé celui-ci à sa mère. Bientôt viendra la rencontre des deux familles, une étape obligée…

"Cu Li Never Cries" nous propose de suivre le quotidien de deux femmes, une dame âgée et sa nièce, dont elle s'est occupé suite à la mort de sa mère et le départ de son père. L’une vient de ramener d’Allemagne les cendres de son mari, ainsi qu’un loris (le Cu Li du titre), animal aux grands yeux tristes, qui ne vit que dans les forêts du Vietnam. Mais ne l’ayant pas vu depuis longtemps, le deuil ne semble pas lui peser particulièrement. L’autre est la nièce de celle-ci, garde d’enfants à domicile, n’ayant qu’un seul bras, et angoissée par un future mariage qui lui semble incertain. Avec un certain tact, le scénario fait s’entrecroiser leurs destins, avec pour fond le fait d’avoir droit au bonheur, malgré le passé du pays et les traditions, et de trouver ou retrouver un compagnon, quel que soit l’âge ou la condition physique de la femme.

Tourné en noir et blanc, le film s’ouvre sur de superbes plans sur les chantiers navals, faisant contraster d’emblée ces structures immenses et modernes, avec les petites ruelles dans lesquelles vit le personnage principal, comme contrasteront ensuite les rêves de romantisme de chacune avec la réalité des situations et la tradition (la rencontre avec un jeune danseur escort, un mariage en apparence bien triste...). Même si quelques élans subsistent (l’arrivée de la bague de fiançailles dans un gâteau...), le quotidien semble rester désespérément quelconque, alimentant la tristesse de l’une et l’inquiétude de l’autre. Mais c’est au passage d’une étape pour chacune des protagonistes que nous invite "Cu Li Never Cries", par l’obligation pour la vieille dame de se confronter à son passé et de tourner la page, malgré l’incertitude, et par celle pour la nièce, de devenir enfin adulte. Un film sur la compréhension et la reconnaissance de l’autre en tant qu’être indépendant, chose parfois difficile entre proches.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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