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CRAZY AMY

Un film de Judd Apatow

Le retour de l'inspiration

Amy approche la fin de la trentaine. Depuis des années, elle enchaîne les relations sans lendemain. Elle suit d'ailleurs son principe de ne jamais rester dormir chez un homme, ni de les laisser dormir chez elle. Journaliste, elle est envoyée interviewer, un jour, un médecin du sport à la pointe de son métier...

Judd Apatow a été au milieu des années 2000, l'un des rois de la comédie américaine, en imposant un ton, à la fois décalé et osé, et renouvelant un genre coincé dans les pitreries façon "American Pie" et ses suites. On lui doit ainsi l'hilarant et cynique "40 ans toujours puceau" et "En cloque, mode d'emploi". Depuis quelques années, un certain manque d'inspiration se faisait sentir, auquel on peut imputer les échec relatifs des médiocres "Funny people" et "40 ans mode d'emploi". S'adjoignant ici le talent d'écriture de la comique de stand up Amy Schumer (célèbre actrice de la chaîne Comedy Central, ayant sa propre série depuis 2013, "Inside Amy Shumer"), l'auteur retrouve aujourd'hui l'inspiration et nous livre une comédie mordante, très drôle, mettant en valeur cette formidable comédienne.

Il faut dire qu'on est d'emblée convaincu, grâce à une scène d'ouverture tout simplement énorme. On y découvre un père expliquant à ses deux petites filles (dont la fameuse Amy) que « la monogamie est un mythe » ! L'absence de vergogne rend hilare et permet d'introduire le manque de repère d'un personnage féminin principal soumis à l'influence d’un père adultère et déserteur. Comment ne pas retrouver Amy, après le générique, 23 ans plus tard, étalant en voix-off toute son incapacité à gérer ses relations sans un certain niveau d'alcool et une fuite précipitée au réveil ?! Polygame, elle sort avec grand costaud (personnage monolithique et ennuyeux au possible), a divers amants et passe son temps à taper la discute avec sa collègue de travail préférée ou avec sa sœur, à la vie beaucoup plus classique.

Le scénario nous offre ainsi quelques scènes sympathiques, aussi superficielles que significatives, comme les discussions dans les toilettes sur le fantasme Johnny Depp (avec des plans sur les pieds et la culotte baissée pas très utiles), les réunions de rédaction où l'on choisit allègrement les sujets les plus racoleurs, les scènes de sexe avec son bodybuildé qui ne trouve rien d'autre comme paroles cochonnes que des discours en lien avec la gym ou l'esprit d'équipe...

Adoptant un rythme plus serein après la scène de l'interview avec le médecin sportif, le reste du film regorge de nouveaux morceaux de bravoure, jusqu'à un dénouement qu'on aurait aimé un peu moins facile. Si le film fonctionne aussi bien, c'est au final grâce aux personnages secondaires qui séduisent indéniablement (la patronne insensible, la collègue fêlée, le stagiaire sado-maso...) et grâce au mariage humour-drame dosé avec une certaine sensibilité autour des thèmes de la maladie, ou de la nécessité d'être aux côtés de l'être aimé dans les moments importants. Une bien belle comédie.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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