LES COQUILLETTES
La caricature d'une virée de filles, à voir juste pour le plaisir. Et quel plaisir !

En lisant le résumé, on pourrait craindre le pire, soit une satire sociale déguisée pour mieux montrer la déchéance de filles perdues passant leurs soirées à fumer, boire et coucher. Mais Sophie Letourneur, réalisatrice et actrice dans « Les Coquillettes » a simplement voulu nous faire passer un bon moment de comédie avec ces trois pauvres nouilles venues faire la fête et draguer. Et elle réussit à merveille. Volontairement bavard, le film suit ce trio de copines à peine trentenaires. Sophie obsessionnelle, tourne en boucle sa rencontre avec un célèbre comédien dont elle est persuadée qu’il est l’homme de sa vie, et semble prête à tout pour le revoir. Camille, désespérante, aime tendrement son mec… mais jette son dévolu sur le pauvre Martin. Et Carole, déterminée, compte bien mettre fin à 16 mois d’abstinence avec le premier garçon volontaire.
Pour réaliser son film, Sophie Letourneur s’est lancée dans un tournage marathon en plein festival de cinéma, sans prise de son réel (tout a été recréé en post-production) et avec un budget serré (30.000 euros de tournage). À noter que hormis Carole Le Page et Camille Genaud, tous les comédiens ou figurants du film sont les festivaliers qu’elle avait sous la main .
Pourtant tout se savoure dans ce plat de coquillettes : les dialogues décomplexés entre filles, quasiment des pensées à voix haute, un brin pulpés sauce Tarantino ; les garçons désarmés face à ces guerrières névrosées ; les costumes décalés et délicieusement régressifs ; le scénario qui offre plusieurs scènes pouvant vite devenir cultes (ah… Camille et Martin qui attendent le taxi !) ; le décor et l’ambiance du festival de Locarno, pendant lequel le film a été tourné ; sous oublier l’idée du récit parallèle, post-virée (elles se retrouvent un an après et se remémorent le déroulé de leur escapade). C’est ce parti-pris qui apporte au film quelques vrais effets de comédie. Finalement, l’accroche du film nous prévenait : « Les Coquillettes, plus elles sont cuites, plus elles sont collantes » mais Al Dente, ces « Coquillettes » sont vite attachantes.
Loreleï Colin-MoreauEnvoyer un message au rédacteur