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COMME UN CHEF

Un film de Daniel Cohen

Mi-cuit...

Un jeune cuisinier va de boulot en boulot, se faisant renvoyer du fait de sa trop haute estime pour sa cuisine, certes recherchée, mais qui ne plaît pas forcément au péquin moyen. Un grand chef, à la tête d'un restaurant trois étoiles, voit sa position menacée par un homme d'affaire aux dents longues qui souhaite faire fructifier l'établissement qu'il vient de racheter en changeant profondément la carte. Leurs destins vont se croiser et le vent pourrait bien tourner...

Autant le dire tout de suite, la mise en bouche ne sera pas du goût de tout le monde. En effet, "Comme un chef" démarre franchement de manière catastrophique, réussissant à agacer par ses personnages stéréotypés, sans même nous arracher un sourire. Présentés chacun de leur côté, lors de scènes d'exposition où tous les gags tombent à plat les uns après les autres, le gentil naïf Mickaël Youn et le persécuté Jean Reno ont bien du mal à marier leurs saveurs. Étrangement, Mickaël Youn apparaît plus jeune que jamais, la peau sous les yeux bien plus claire que le reste du visage. Et le spectateur de s'interroger sur un excès de maquillage, une erreur d'éclairage ou l'existence d'un méchant lifting, plutôt que de s'intéresser à son ballot de personnage, intégriste de la cuisine de son idole, qu'il finira par croiser, au détour... d'un chantier de peinture. Jean Reno ne s'en tire pas mieux, aux prises avec une caricature de patron interprétée par un Julien Boissellier qui ne s'en tire initilement pas si mal.

La dichotomie basique entre cuisine de tradition et cuisine moléculaire sert de base à un scénario gadget, juste bon à relier des sketches qui fonctionnent plus ou moins bien. Elle sert aussi de caution politique, le moderne faisant office de grand méchant loup, offrant une parabole facile sur la mondialisation et la lutte des petits ayant du talent, contre les friqués forcément sans âme. Reste qu'une fois ensemble, le duo de protagonistes fonctionne plutôt bien, à l'image de la première émission culinaire qu'ils présentent ensemble, où ils s'engueulent, l'élève recadrant le maître sur ses propres recettes.

Mais, il reste malgré tout un arrière goût. La sauce ne prend pas, le film ressemblant à une succession de skecthes inégaux, pas tous très heureux. Certains font sourire (l'intrusion de Santiago Segura en chantre de la formule chimique, la leçon de cuisine via webcam interposée...), certains agacent profondément (l'intrusion dans le restaurant du rival, habillés en japonais et en geisha... et les pitreries dansées d'un Mickaël Youn peu inspiré) et d'autres tombent carrément à plat. Si l'on ne croit pas un seul instant à cette histoire, on se dit qu'un peu moins de clichés et un peu plus de liant auraient servi une savoureuse recette qui, ici, a bien du mal à trouver sa cohérence et à affirmer une quelconque finesse.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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