COMEDY QUEEN

« Tu es parfaitement normale » lui dit-on au début du film. Mais qu’y a-t-il d’ordinaire à devoir vivre sans sa mère alors qu’on débute à peine l’adolescence ? Sasha doit pourtant apprendre à faire le deuil de celle qui l’a mise au monde, entre incompréhension et colère. Et pour s’y retrouver, elle décide d’appliquer une méthodologie stricte, une liste de règles à suivre pour ne pas ressembler à sa génitrice, dont les derniers mois marqués par la dépression semblent être les seuls que la gamine arrive à retenir. Alors, elle va se couper les cheveux, arrêter de lire des livres, et surtout devenir l’exact opposé de quelqu’un de déprimé : une « comedy queen ». Le stand up deviendra aussi bien un exutoire intime qu’un procédé par lequel elle compte redonner le sourire à son père.

Touchant et bienveillant, le film trouve le parfait équilibre entre la tragédie et des moments plus cocasses, toujours à hauteur d’enfant. Sans sombrer dans la guimauve et l’overdose de bons sentiments, le métrage réussit à émouvoir tout en assumant les maladresses et la rage non maîtrisée d’une fille confrontée bien trop tôt à des problématiques d’adulte. En résulte une comédie jamais lisse, parfois même impertinente, portée par la jeune Sigrid Johnson, éblouissante dans le rôle principal. Rythmé et généreux, "Comedy Queen" est un récit initiatique délicat, flirtant subtilement avec le drame, qui mérite sans aucun doute un détour par une salle obscure.