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THE CIRCLE

Un film de James Ponsoldt

La grosse escroquerie de l’été

Dans un futur proche, Mae est engagée chez The Circle, le groupe de nouvelles technologies médiatiques le plus puissant au monde. Mais au sein de cette expérience, on lui propose vite de participer à une expérience révolutionnaire qui remet en cause l’idée même de « vie privée ». Tout va dès lors basculer pour Mae, pour ses amis et pour ses proches…

On se demande vraiment à quoi bon en rajouter une couche sur le caractère chronophage et anti-éthique des réseaux sociaux quand on voit à quel point David Fincher avait su faire le tour de la question avec "The Social Network". Ce qu’apporte James Ponsoldt ("The Spectacular Now") avec cette nouvelle proposition de thriller dans l’air du temps – par ailleurs adapté d’un roman éponyme – obéit à deux critères très spécifiques : l’incohérence et la bêtise. Sur le premier point, le cas sera vite réglé : au travers d’un scénario royalement aberrant qui enchaîne les problèmes de logique avec un rare aplomb, le parcours de l’héroïne (une Emma Watson qui ne sait décidément pas incarner un rôle) semble obéir à des ficelles narratives qui consiste à révéler quelque chose de flippant pour qu’un personnage puisse tout de suite après en accepter l’idée sans se poser de questions. Dès que le scénario se met à déballer le fond de son sujet par le biais d’un Tom Hanks en clone ambigu du Tim Robbins d’"Antitrust", le film n’a plus rien à proposer qu’un étalage de bavardages incessants qui semblent se suffire à eux-mêmes… Et la mise en scène, le découpage, le jeu des raccords, la symbolique du plan ? Euh désolé, visiblement le réalisateur ne sait pas de quoi on parle…

Concrètement, "The Circle" n’est pas un film de cinéma mais un long pensum démagogique étiré en longueur au travers d’un blabla permanent. On pourrait même parler de prêchi-prêcha lorsque l’on voit à quel point le dialogue guide tout, du fond de l’intrigue à la structure narrative en passant par le jeu des acteurs. Et c’est précisément à cause de cela que le film devient d’une bêtise à peine croyable : en étant à ce point raccordé aux idées flippantes qu’il débite non-stop par le verbe au détriment d’un montage travaillé qui évoquerait quelque chose d’inquiétant par l’enchaînement des plans, le film devient un plaidoyer – involontaire ou pas ? – pour ce qu’il serait censé dénoncer. D’où un final éminemment douteux où le réalisateur retourne sa veste sans ironie ni distanciation, évoquant ainsi un futur dépourvu d’éthique, de vie privée et de libre arbitre que son ton professoral contribue malgré lui à faire passer pour un happy end. On ne peut pas vraiment déceler si l’objectif était de créer la peur en finissant sur une scène pareille, mais face à un tel manque de confiance dans ce qui constitue la base du langage cinématographique, la sensation d’assister à un spectacle on ne peut plus dégueulasse a vite fait de prendre le dessus. Moralité : l’ambiguïté au cinéma, ça se travaille…

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

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