Bannière Reflets du cinéma Ibérique et latino américain 2024

LE CHÂTEAU DE VERRE

De grands numéros d’acteurs pour un mélodrame mielleux et maladroit

Devenue aujourd’hui une chroniqueuse mondaine respectée, Jeannette se plaît dans sa nouvelle vie bourgeoise. Mais ce choix de vie ainsi que celui de son compagnon analyste financier à succès, déplaisent fortement à ses parents. Marginaux et ayant offert une enfance atypique à leurs enfants, ils ne peuvent supporter de voir leur fille se soumettre aux diktats de la société…

Après l’acclamé "States of Grace", Destin Daniel Cretton retrouve la comédienne Brie Larson pour l’adaptation d’un best-seller américain. Dans celui-ci, Jeanette Walls, devenue chroniqueuse mondaine à New-York racontait son enfance sur les routes de l’Amérique, dans les jupons d’une mère artiste et dans l’ombre d’un père déjanté, dont l’extravagance n’a d’égale que sa culture et son désir de liberté. Le film raconte ainsi le parcours hors-du-commun de quatre enfants baladés de bourgades en bourgades, où l’on apprend les choses de la vie au cœur de la nature plutôt que sur les bancs de l’école, et où l’on se nourrit des plaisirs simples de l’existence dans un rejet total du consumérisme.

Très proche du récent "Captain Fantastic", le métrage s’en éloigne malheureusement dans sa forme, en privilégiant les gros artifices et une forte couche mélodramatique. Très académique, et jamais loin de la démonstration moralisatrice, "Le Château de verre" s’égare à vouloir capturer la vie entière de ses protagonistes. Car le film n’est jamais aussi juste que lorsqu’il se focalise sur le cœur de son sujet, à savoir cette relation conflictuelle et alambiquée entre un père et une fille entre lesquels la communication est devenue impossible. Dès lors que la caméra s’attarde sur cet amour fusionnel, fait à la fois d’admiration et de rejet, les nombreux défauts de l’ensemble s’effacent au profit d’une épure poignante où quelques regards deviennent bien plus éloquents que les notes exaspérantes de violon.

Moins viscérale que sa précédente réalisation, la mise en scène annihile ici toutes les aspérités des personnages et les ambiguïtés du scénario. À vouloir susciter l’émotion à tout prix, le film se noie dans des procédés grossiers et larmoyants qui le condamneraient presque au statut de téléfilm sans l’excellente prestation de ses comédiens. Une nouvelle fois, Woody Harrelson rappelle, s’il le fallait, qu’il est un monstre de charisme, capable d’émouvoir avec le moindre geste, d’horripiler avec un seul regard, et de désarçonner avec une simple mimique. Dans le rôle de ce père tantôt charmeur tantôt répugnant, il fait des merveilles, maintenant trop souvent à lui seul ce mélodrame à flot. Malgré l’appui de son casting, après "I Am Not a Hipster" et "States of Grace", on était toutefois en droit d’attendre plus d’audace d’un cinéaste prometteur, dont le talent ne s’exprime que durant les quelques fulgurances d’une adaptation inégale et décevante.

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

Laisser un commentaire