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LA CHAMBRE DES MORTS

Un film de Alfred Lot

Un polar, un vrai

La nuit, l’alcool, la route et l’accident : Vigo et Sylvain viennent de percuter un homme détenant une valise pleine d’argent. Les deux amis, peu scrupuleux, décident de garder le magot. Le lendemain la police de Dunkerque est sur les lieux, mais pas seulement pour éclaircir l’affaire de cet accident de la route, elle cherche à comprendre pourquoi dans le bâtiment d’en face, une jeune fille a été retrouvée morte, dans une position assise, le sourire béat, et qui laisse à penser que son meurtrier l’a tenue en l’état plusieurs heures durant après le crime… L’assassin a-t-il vu l’accident de voiture ? les chauffards auraient-ils dérobés la rançon initialement prévue pour sauver l’enfant ? et que penser du rapt d’une autre enfant quelques jours après ? la police aurait-elle affaire à un tueur en série ? La jeune brigadier Lucie et le lieutenant Moreno se lance dans cette terrible enquête…

Ce film est un vrai cadeau fait aux amoureux du cinéma policier, aux amoureux des scénarios tordus où chaque détail a son importance et où il ne faut négliger aucune piste. Ce film est un cadeau fait aux amoureux de cinéma généreux, vif et inspiré. Chaque porte que le réalisateur ouvre offre son lot de petit bonheur. Le film, inspiré du livre homonyme de Franck Thilliez, reprend la trame alléchante du thriller à tiroir, développe des personnages féminins forts, prend des allures de docu fiction au commissariat, s’imprègne du "Silence des Agneaux", de Stephen King et d’Alfred Hitchcock, et nous offre des moments de tensions comme on n'en avait plus eu dans un film français depuis longtemps.

Alfred Lot se libère de tous les poncifs du genre, adopte un ton constamment brut (quelle violence dans la première demi-heure, notamment), fait de ses personnages féminins de vraies guerrières (ne sont-elles pas au centre de l’histoire), va droit au but sans passer par quatre chemin (qu’il s’agisse de masturbation, d’immolation…), bref Lot sort carrément du lot !

A ce scénario presque béton, ajoutons des louanges au casting impeccable avec en haut de l’affiche celle qui a submergé d’émotion la France entière l’an dernier avec « Je vais bien, ne t’en fais pas » (récupérant au passage le César du meilleur espoir féminin), Mélanie Laurent plus Jodie Foster que jamais. Elle insuffle de la fraîcheur, de la spontanéité à un rôle de mère-flic mystérieux en proie à la culpabilité. Ses acolytes Eric Caravaca et surtout Nathalie Richard sont plus vrais que nature en flic du Nord. Ils sont tels des parents, des protecteurs de Mélanie.

Les deux amis qu’interprètent Lellouche et Zaccaï représentent la folie des petites gens, ils ne sont pas des truands mais sont entraînés dans une spirale de la folie, une escale de la violence dont ils ne sortiront pas indemnes. On est surpris par leurs rôles et enchanté devant tant de vigueur. Enfin, les apparitions de Fanny Cottençon et Jean-François Stévenin apportent une incroyable bouffée d’air comique très bienvenue pour mêler les genres dans cette histoire sombre au pays de la pluie et de la grisaille !

Et si vous pensez ne pas avoir toutes les clés de cette intrigue, n’hésitez plus : retournez-y, vous doublerez votre plaisir.

Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur

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