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CELLULE 211

Un film de Daniel Monzón

Gagner la confiance

Alors qu'il visite la prison dans laquelle il va prendre son poste le lendemain, un jeune gardien se retrouve assommé, inconscient dans une cellule. Les détenus ayant pris le contrôle de la prison, il va tenter de se faire passer pour l'un d'entre eux...

Ce fut l'une des bonnes surprises de la plus jeune section du festival de Venise (6e année en 2009 pour cet équivalent de la Quinzaine des réalisateurs que constituent les Journées des auteurs), et l'on s'étonne encore, des mois plus tard, de la tension soutenue qui y règne en maître. Car "Celda 211", traduisez "Cellule 211", peut paraître au premier abord comme un n-ième film de prison, d'autant que la série "Prison break" est passée par là, et qu'on est loin d'un traitement très recherché au niveau images, ou même d'un film de clans tel le formidable "Un prophète" d'Audiard.

Non, les prétentions de "Celda 211" sont bien plus humbles. Il s'agit de faire trembler le spectateur, pris lui aussi au piège de ce décors carcéral et qui, à chaque instant, se demande comment, dans cette prison insurgée, un gardien novice va pouvoir réussir à se faire passer pour un tueur au sang chaud. Face à lui, il faut dire que Luis Tosar ("Les lundis au soleil") excelle dans le rôle du leader de la rébellion, Malamadre (mauvaise mère). Il impressionne de brutalité virile. Et le metteur en scène offre un formidable espace d'expression à sa voix rauque, son regard menaçant, ou ses accès soudains de colère.

Sans être très original, "Cellule 211" sait ménager le suspense, ponctuant les souffrances du héros par quelques flash-backs sur un bonheur familial encore récent, et jouant au final sur la corde sensible. Cette histoire couillue, faite de complicités, trahisons, tractations et confiance, s'avère au final plus complexe et surprenante que prévu. D'autant que son anti-héros, laissant transparaître des restes d'une humanité longtemps égarée, s'avère d'une complexité inattendue. Décidément, le jeune cinéma espagnol a de beaux jours devant lui.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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