Bannière Reflets du cinéma Ibérique et latino américain 2024

CAMILLE

Un film de Boris Lojkine

Un destin d’importance

Camille, jeune photojournaliste, part en Centrafrique alors que la guerre civile se prépare. Immergée dans ce pays, passionnée par sa culture, elle tente de trouver sa place, entre les reporter chevronnés et les jeunes du pays, méfiants…

Camille film image

Le film s’ouvre sur la découverte, par des militaire déployés par l’ONU, de cinq corps à l’arrière d’une camionnette, parmi lesquels celui d’une femme blanche dont on aperçoit les pieds. C’est avec ce tact, que Boris Lojkine ("Hope") évoquera la mort, le 12 mai 2014, de la photojournaliste Camille Lepage, âgée alors de 26 ans, préférant aussi l’éluder sur la fin, par un plan la montrant s’effacer dans le bush, au milieu de groupe de motos des miliciens anti-balaka qu’elle accompagnait. Construit en un grand flash-back, le reste du film retrace le parcours de cette jeune femme, désireuse de montrer la réalité complexe d’un pays, autant qu’à la recherche d’une première publication.

Tourné sur place en CentrAfrique, le film met en scène de nombreux acteurs non professionnels, le réalisateur étant adepte du casting sauvage. Il installe progressivement une certaine tension, esquissant la spirale vengeresse dans laquelle s’enfonce le pays, alors que la diplomatie internationale hésite encore. Affrontements religieux et ethniques, les positionnements et rancœurs des personnages secondaires croisés évoluent. Au milieu, Nina Meurisse ("Une vie", "L’effet aquatique") incarne à la fois une volonté et une exigence, une inconscience, mais aussi un certain nombre d’interrogations sur le métier de reporter, passant de conflit en conflit ou approfondissant un sujet, mais surtout capable de raconter une histoire. Prix du public au Festival de Locarno, "Camille", mélangeant avec fluidité photos de la journaliste et images d’archives au récit, s’il approfondit peu les racines du conflit, a en tous cas le mérite du témoignage, de la sobriété et d’une forme de pudeur.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

BANDE ANNONCE

Laisser un commentaire