BUZZ L'ÉCLAIR
La science fiction s’invite chez Pixar
L’an 3901. Réveillé de son hibernation à quelques 4,2 millions d’années-lumière de la Terre, le Ranger de l’espace Buzz l’Eclair se retrouve à explorer une planète proche de leur trajectoire, en compagnie de sa commandante Alisha Hawthorne et d’un maladroit « débutant » (un rookie). Mais la planète s’avère hostile, regorgeant de dangereuses lianes et d’insectes volants des plus agressifs. Tentant de faire redécoller en urgence leur vaisseau, celui-ci s’écrase. L’équipage et les scientifiques sont alors réveillés et installent un camp autour du vaisseau, entouré d’un bouclier de protection. Un an plus tard, Buzz est chargé d’un vol d’essai, l’objectif étant d’atteindre la « high speed » qui leur permettrait de repartir. Non seulement la mission est un échec, mais lorsque Buzz atterrit, il s’aperçoit que les autres ont vieilli de 4 ans, contrairement à lui…
Comme vous l’aurez compris, "Buzz l’éclair" n’est aucunement une suite de "Toy Story" (1996), film culte pour toute une génération, mettant à l’époque en avant le jouet d’Andy en forme d’astronaute, qui devenait alors dans le cœur du jeune garçon, son nouveau jouet favori, face à Woody le cowboy, alors délaissé. Il s’agit en fait, ce qui est indiqué par un carton au début du métrage, du « film » préféré d’Andy, mettant en scène un héroïque astronaute, dont aurait été ensuite inspiré le fameux jouet. Aucun étonnement à avoir alors, lorsqu’on se retrouve face à un véritable film de science fiction, Pixar relevant haut la main le défi d’une aventure palpitante, mêlant scènes d’actions multiples, décalage temporel créant l’émotion autour de la notion d’amitié, et humour.
La chose n’était pas forcément aisée. Car en effet, dans "Toy Story", Buzz était le rival puis l’allié de Woody, mais faisait preuve d’une certaine rigidité (avec des phrases toutes faites, des règles bien à lui…) qui créait justement un décalage amusant avec les autres jouets et avec l’action. En conservant ici à minima cet aspect, qui aurait été rapidement usant sur la longueur, Pixar permet au spectateur de se sentir en terrain familier, sans pour autant renier la nouvelle orientation du film. Place donc à un récit orienté distorsions temporelles, éloignant les personnages par l’agrandissement progressif de leur différence d’âge et posant naturellement des questions sur la solitude du héros.
L’humour viendra ici d’abord des créatures menaçantes peuplant la planète (les lianes parvenant ponctuellement à passer le bouclier de protection, faisant soudain disparaître certains personnages en pleine discussion ou action…), puis de quelques personnages secondaires sympathiques (les débutants aux yeux tristes, Sox le chat robot aux multiples usages – on vous laisse le plaisir de découvrir lesquels - , ou IVAN, l’unité informatique embarquée servant d’assistant au pilote...). La seconde partie du film parvient à maintenir un véritable rythme et soulève quelques intéressantes questions d’ordre intime voire déontologique, sur la capacité ou le droit à changer les choses, pour soi, mais surtout pour les autres. Réussissant à plusieurs moments, à convoquer une réelle émotion autour de ce thème et de la perte d’une amie, "Buzz l’éclair" a ses limites quand à son approche du « chez soi », mais atteint son objectif par son mélange d’action et d’humour.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur