BROOKLYN YIDDISH

Immersion totale dans une communauté juive comme dans la psyché d’un homme endeuillé

Dans le quartier de Borough Park, la majorité des résidents sont des juifs hassidiques. Menashé vient de perdre sa femme et comme le veut la tradition, il ne peut pas élever seul son fils. Face à son désarroi, le grand Rabbin va faire une exception et lui accorder la garde de son fils durant une semaine. À lui de prouver à toute la communauté qu’il peut être un bon père…

Venu du documentaire, Joshua Z. Weinstein sait parfaitement s’immerger dans un environnement donné. "Brooklyn Yiddish" est ainsi une plongée saisissante dans le milieu hassidique new-yorkais. Pour autant, il s’agit bien d’une fiction, avec peu de rebondissements mais beaucoup de sincérité, faisant preuve d’une bienveillance rare pour des protagonistes sur lesquels aucun jugement n’est jamais porté. Menashé est un juif ultra-orthodoxe dont la femme vient de mourir. Comme l’impose la tradition, il ne pourra élever son fils tant qu’il n’aura pas retrouvé une compagne. Mais dans cette période de deuil, les règles ancestrales lui importent peu, celui-ci parvenant à obtenir la garde pour une semaine de son fils, seule lumière dans son quotidien particulièrement monotone.

Sujet principal du métrage, ce récent veuf en est également le cœur, le réalisateur esquissant un portrait poignant d’un homme différent dans un microcosme où la singularité n’a pas le droit d’exister. Refusant tout artifice larmoyant, le film développe une émotion contenue qui ne cesse de grandir de plans en plans. Œuvre lumineuse et profondément humaine, "Brooklyn Yiddish" interroge un monde régi par des lois archaïques dans une Amérique résolument moderne. Osant même l’ironie sur ces pratiques religieuses, ce subtil portrait souffre toutefois un brin de sa simplicité apparente, de ce dépouillement qui empêche le métrage de prendre une véritable envolée lyrique. Pour un premier passage du côté de la fiction, le pari est toutefois largement réussi et on espère que Joshua Z. Weinstein poursuivra dans cette voie.

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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