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THE BROKEN

Un film de Sean Ellis, Rufus Norris et Rufus

Killing you is killing myself…

Gina McVey assiste avec sa famille au dîner d’anniversaire de son père, lorsqu’un miroir se décroche du mur et se brise au sol. Le lendemain, dans une rue de Londres, Gina s’aperçoit au volant de sa propre voiture. Stupéfaite, elle suit cette étrange apparition jusqu’à son appartement…

Que cachent les miroirs? En tentant de répondre à cette interrogation ancienne avec ce film à la limite du fantastique, l’anglais Sean Ellis, révélé par un premier long-métrage étonnant et un brin poseur appelé « Cashback », prouve tout à la fois sa grande maîtrise de la caméra et affirme une tendance à l’esthétisme surfait, voire au maniérisme. Assez prétentieuse dans sa forme mais plastiquement bien travaillée, cette variation sur les thèmes croisés du miroir perméable (cf. « Orphée » et consorts) et du remplacement progressif et discret des humains par d’autres entités (« The Broken » s’apparente narrativement à la série des « Profanateurs de sépulture ») brille par son style ostensible qui vient souligner un récit parfaitement écrit, dominé par des acteurs charismatiques.

Double pari risqué : d’abord parce que le motif du miroir et de sa traversée potentielle par des esprits malins, loin d’être nouveau, oblige tout metteur en scène qui désire s’y atteler à traîner derrière lui et assumer la longue file de références qu’un tel sujet implique, ensuite parce qu’ici le traitement évacue rapidement l’aspect horrifique et fantastique pour se focaliser sur la psychologie des protagonistes, Gina McVey en tête, magnifiquement incarnée par la belle Lena Headey, dont l’évolution particulièrement marquée joue dans la narration un rôle déterminant.

Si le pari est en grande partie gagné, c’est parce que le manque de sensations fortes habituellement dévolues à ce genre de productions (peur, angoisse, stress) se voit largement compensé par l’installation graduelle d’une atmosphère malsaine, presque inquiétante, tournant autour du mystérieux accident de voiture de l’héroïne ainsi que d’un détail fondamental que l’on cherche inlassablement à attraper, et qui donne peut-être le fin mot de l’histoire. C’est comme de passer, au cœur d’un même film, d’Alexandre Aja à Brian De Palma – et c’est un virage dont on ne se plaindra pas.

Eric NuevoEnvoyer un message au rédacteur

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