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LES BRASIERS DE LA COLÈRE

Un film de Scott Cooper

Légitime vengeance

Ouvrier d’une usine de métallurgie du Nord-est des États-Unis, Russell Baze se retrouve emprisonné après un accident de voiture. À sa sortie de prison, il retrouve son frère Rodney, coincé jusqu’au cou dans des combines foireuses. Lorsqu’il disparaît, Russell décide de le retrouver coûte que coûte, quitte à prendre les armes pour se faire justice…

À l’instar du récent "Winter’s Bone", le second long-métrage du jeune cinéaste Scott Cooper prend place dans une Amérique que l’on voit encore peu au cinéma. Une Amérique profonde, rurale, hantée par les fantômes du chômage, de la drogue et de la promiscuité, loin des canons flamboyants habituellement montrés dans le cinéma hollywoodien. Déjà dans son premier film, le superbe "Crazy Heart" (qui avait valu à Jeff Bridges un Oscar du meilleur acteur), Cooper donnait la parole aux petites gens, chanteur de country itinérant ou mère divorcée en rupture de relation. Ici, et durant la majeure partie du film, il s’attache aux basques d’un ouvrier d’usine et de son frère revenu d’Irak, membres parmi d’autres d’une communauté dont le quotidien tourne tout entier autour d’une mine de fer amenée à fermer. Rappelant à la fois le Walter Hill des débuts ("Le Bagarreur" et ses combats de boxe clandestins) ou le "Voyage au bout de l’enfer" de Michael Cimino (l’usine métallurgique, la scène de chasse au daim), le contexte de la tragédie fraternelle à venir dresse un portrait humaniste et assez juste, loin de tout manichéisme, des déclassés du rêve américain.

Porté par des acteurs incroyables (dont un terrifiant Woody Harrelson), "Les Brasiers de la colère" se pose donc dès ses premières minutes comme l’un de ces drames policiers comme les cinéastes américains savent encore en réaliser, à la mise en scène intimiste – toujours proche des personnages – et ample – magnifiques plans des acteurs habitant de superbes décors naturels –, et au propos jamais racoleur ou misérabiliste. Dommage, dès lors, que la dernière partie ne ramène quelque peu le film dans les sentiers balisés du récit de vengeance, quand bien même Cooper (et Christian Bale, impressionnant) ne s’abaisse jamais à la facilité ou au déballage de clichés. Parce qu’il croit en ses personnages, parce qu’il ne juge aucun de leurs actes (ce plan final…), parce qu’il ose quelques séquences bien senties (la visite de la maison du « vilain ») ou parce qu’il se permet de prendre son temps lorsque c’est nécessaire, Cooper confirme aisément son précédent coup d’essai, et se place sans peine comme un cinéaste à suivre.

Frederic WullschlegerEnvoyer un message au rédacteur

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