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BOY A

Un film de John Crowley

Bouleversant

Un jeune homme sort de prison. Aidé par son tuteur, veillant à son anonymat, il trouve du travail et commence à tisser des relations avec ses collègues, dont une secrétaire de direction qui aimerait bien aller plus loin avec lui…

Découvert dans la section Panorama du Festival de Berlin 2008, où il a reçu le prix du jury oecuménique, « Boy A » est une histoire de bonne volonté. Ce film anglais met en scène un jeune homme sortant de prison et découvrant pour la première fois le monde adulte, et ses principales composantes: l'amour, l'amitié et le boulot. Tout en douceur, le réalisateur nous guide dans sa reconstruction d'un équilibre, bercée par la crainte que les amitiés soient fausses et la peur de ne pas être aimé.

Face à un tuteur qui cherche à le protéger (Peter Mullan), l'interprète principal, Andrew Garfield, véritable révélation, donne toute la dimension fragile à un personnage en quête d'union et d'honnêteté. Malgré le bien qu'il peut faire (il sauve une fillette), la spontanéité dont il fait preuve, certaines pulsions ou comportements inquiètent. Et intelligemment, le metteur en scène filme des flash back explicatifs, avec une pudeur et une distance des plus justes. Alors qu'il donne chair à son héros par quelques rêves angoissants (des hommes capuchés de noir le molestent et vont jusqu'à le pendre) ou rassurants (sa petite amie lui propose d'aller dans la même direction), il ne le juge jamais, laissant aux nombreux personnages secondaires le soin de le faire.

Au delà, le film interroge sur la réelle possibilité d'une seconde chance et sur la nature d'une société qui traque parfois ceux qui ont déjà payé. Le phénomène de lynchage collectif fait légitimement peur, d'autant qu'on ne connaît pas réellement la réalité passée. Il interpelle les pulsions de chacun, qu'il s'agisse de jalousie basique emprunte de valeurs familiales pourtant logiques, ou de désir de voir un potentiel danger écarté à tout jamais. Au final, on fond littéralement face à tant de tendresse mêlée de cruauté.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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