BLUE JEAN
Jean ou la revanche d’une femme
Jean est professeure d’EPS dans un établissement scolaire dans l’Angleterre de Thatcher, où celle-ci commence à promulguer des lois homophobes. Elle-même lesbienne, une relation complexe se noue avec une de ses élèves qui menace de trahir son secret et va la plonger dans un trouble dont elle aura du mal à sortir…
Programmé pour la première fois en France lors du festival Chéris Chéris, et en présence de la productrice Helène Sifre, également lauréat du prix du public lors de la dernière Mostra de Venise, dans la section Venice Days, "Blue Jean" est le premier long métrage de la réalisatrice anglaise Georgia Oakley. Nous baignant dans une Angleterre dirigée d’une main de fer par Margaret Thatcher et dans l’atmosphère des années 80’, le film traite des lois visant les homosexuels qui existaient à cette période et du climat homophobe qui parcourait la société.
Cette réalité à laquelle est confrontée Jean, qu’elle vit à travers la radio ou la télé, que l’on entend en toile de fond, est la réalité d’une minorité stigmatisée, d’une nécessaire double vie où est montrée comme s’excluant parallèlement l’enseignante et la femme lesbienne. La première tente de cacher au mieux son homosexualité, la deuxième profite des bars queer avec ses amies, dont sa copine Viv. Si cette réalité homophobe est particulièrement palpable dans le film, celui-ci ne s’arrête pas à sa simple description, mais témoigne également de la volonté d’émancipation des femmes, de la complexité d’être out, des rapports entre professeurs et élèves… et brosse un magnifique portrait, largement aidé par Kerrie Hayes (Jean), sublime dans son rôle.
Tout nous donne l’air d’une histoire quasi documentaire, tant avec la relation entre Viv et Jean, que dans le climat historique que porte ce film, et on en oublie presque que blue Jean n’a pas existé, mais reste le portrait des femmes lesbiennes de l’époque. Doté d’un propos et d’une esthétique forte, "Blue Jean" se montre captivant tout du long, et avec sa grande capacité à faire passer le spectateur du rire aux larmes, puis des larmes au rire, le film apparaît comme un très grand premier long métrage, prometteur pour la suite !
Valérian BernardEnvoyer un message au rédacteur