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BELOVED SISTERS

Un film de Dominik Graf

Long et peu inventif

En 1787, Charlotte Von Lengefeld est envoyée à Weimar chez sa marraine, où elle doit apprendre les bonnes manières et entrer en contact avec la cour et les milieux artistiques. Sa sœur Caroline von Beulwitz fut, quant à elle, mariée par convenance, de manière à assurer l'avenir de sa sœur et sa mère...

Dominique Graf nous livre avec ce portrait de deux sœurs, dont les destins amoureux tourneront autour du poète sans le sou se Friedrich Schiller, un film en costumes peu passionnant ni passionné, alors qu’il traite justement des choses de l’amour. Retraçant les hauts et bas d’un ménage à trois, les deux sœurs ayant juré d’être toujours là l’une pour l’autre, le film se voudrait à la fois romantique et romanesque sur le fond (le serment auprès de la cascade, les mots se perdant dans le fracas des eaux tumultueuses, la scène de sauvetage de la noyade où elles finissent par réchauffer toutes les deux le tourtereau...), mais ne réussit jamais à nous entraîner dans les affres de la passion.

Malgré la qualité de l’interprétation des deux femmes, Hannah Herzsprung et Henriette Confurius, dont la confrontation finale finit par provoquer quelques soubresauts du palpitant, l’encéphalogramme de cette reconstitution reste indéfiniment plat. D’autant que le réalisateur s’enlise dans la complexité des correspondances qui rythment ces histoires d’amour contrariées. Tentant de les dynamiser, il les retranscrit de manières diverses mais maladroites, et les lectures face caméra de la dernière demi-heure ne seront pas là pour redonner du souffle à l’ensemble.

Donnant certes une idée du choc entre convenances et élans de la vie, "Beloved Sisters" constitue une longue fresque aux multiples rebondissements, dont ne se dégage malheureusement aucune réelle émotion. On suit ainsi, avec patience, le destin de ces deux sœurs, sur plusieurs décennies, leur proximité comme leurs déchirements, jusqu’à l’image finale de leurs silhouettes au chevet d’un poète agonisant. Ombres d’elles-mêmes, absorbées par cet homme, la symbolique est forte, mais au bout de presque 2h50 de film, la fin arrive pour le spectateur aussi comme une délivrance.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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