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BANEL ET ADAMA

Un film de Ramata-Toulaye Sy

De l’importance des présages

Adama a épousé Banel, une jeune veuve, avec laquelle il vit un amour fusionnel. Ayant terminé son apprentissage, il ne veut cependant pas devenir chef du village, comme les anciens le souhaiteraient. Il préfère garder son troupeau, dont les vaches meurent une à une en raison de la sécheresse. Banel, elle, devant remplacer une femme enceinte aux champs, est frustrée de ne pouvoir garder le bétail avec lui, ce qui leur permettait de passer du temps ensemble…

Banel et Adama film movie

"Banel et Adama", présenté en compétition au dernier Festival de Cannes, est un film lumineux, où les décors arides participent à la beauté graphique d’une œuvre qui fait la part belle à l’irrationnel autant qu’à la tradition. Car Banel et Adama vont tous les jours déterrer à mains nues deux maisons ensevelies sous le sable, symboles de leur union et de leur aspiration à fonder une famille en s’éloignant de la communauté. Mais les us et coutumes, comme le contexte agricole, rappellent ici sans cesse le personnage d’Adama à son rôle supposé d’homme, le scénario dessinant en creux celui de la femme, ici jalousée, censée rester à l’écart de son mari, avec les autres femmes, voire devenir l’une des épouses de son mari.

Féministe, "Banel et Adama" l’est autant dans certains de ses dialogues (Banel reproche aux hommes qu’on « ne les voit qu’au lit », sauf pour Adama, qu’elle idéalise comme étant à part), dans son développement (Banel n’hésite pas à critiquer la répartition des tâches, semant un certain chaos par ses élans de liberté…), que dans sa conclusion. En choisissant la voie des présages, liés à la pluie, aux décès des hommes âgés ou des vaches du troupeau, voire à une tempête de sable annoncée, Ramata-Toulaye Sy fait le choix d’une certaine poésie qu’elle magnifie par quelques plans (une silhouette vue depuis une eau troublée, les monticules de sables et la forme des maisons ensevelies…) et l’utilisation de couleurs chaudes. Le tout forme un élégant écrin pour un récit moderne dans un pays (le nord du Sénégal) où le poids des traditions est encore lourd.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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