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L'AUTRE CÔTÉ DE L'ESPOIR

Un film de Aki Kaurismäki

Changer de vie et de regard

Un cinquantenaire finlandais décide de quitter sa femme alcoolique et son job de VRP en chemises pour ouvrir un restaurant. Un immigré syrien débarque dans la même ville, caché dans le charbon d'un navire...

Aki Kaurismaki nous revient en pleine forme avec un long métrage de fiction, quelques années après le formidable "Le Havre" reparti bredouille de Cannes. Avec le très joli "L'Autre Côté de l'espoir", qui pour sa part a glané le Prix de la mise en scène au 67e Festival de Berlin, Kaurismaki fait se croiser, dans un scénario des plus malins, le destin d'un VRP en chemises, quittant sa femme et rachetant un restaurant, et celui d'un immigré syrien demandeur d'asile en fuite. Une manière à la fois de capter un peu de l'air du temps au travers de leur désir commun : changer de vie et disposer d’une vie meilleure.

Avec un humour toujours aussi incisif, Kaurismaki construit un fragile équilibre entre les deux récits, le film ne prenant finalement toute sa dimension que dans l'entraide quotidienne qui naît lorsque les deux parcours se rejoignent. Le récit, qui ne fait alors plus qu'un, permet de mettre en avant les différences culturelles et une certaine critique d'une mondialisation qui n'a de moteur que l'argent. En faisant du Finlandais un doux dingue prêt à tout pour parvenir à son rêve (les changements d'enseignes du restaurant sont à hurler de rire), et de l'immigré une sorte de gentleman classieux, c'est aussi une image de dignité qu'il renvoie, tentant de changer le regard sur les chômeurs comme sur les étrangers.

Le film, qui manque cependant un peu de ressorts par moments, est un régal de jeux visuels (la scène de nettoyage de la vitre...) et de dialogues minimalistes. Au-delà du récit des parcours de deux galériens des temps modernes, il n'en reste pas moins un cynique pamphlet contre le système en place (l'homme qui donne de l'argent et reprend les taxes...), la domination effets de mode superficiels (les restos de sushis...) et le racisme quotidien. Une vraie réussite.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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