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AU PLUS PRÈS DU SOLEIL

Un film de Yves Angelo

Mathilde Bisson, révélation envoûtante d’un film maladroit

Sophie voit défiler des accusés tous les jours dans son bureau de juge d’instruction. Mais l’arrivée de Juliette va tout chambouler, celle-ci étant la mère biologique de l’enfant adoptée par la magistrate. La première va alors s’acharner sur la seconde, et comme si l’histoire n’était déjà pas suffisamment complexe, l’époux va rentrer en contact avec Juliette...

Yves Angelo était resté mué pendant plus de 10 ans, plus précisément depuis 2004 et son drame en costume "Les Âmes grises". En réalité, le monsieur s’était focalisé sur son métier de directeur de la photographie, notamment sur l’excellent "Mon Âme par toi guérie" avec Grégory Gadebois qu’il retrouve ici. L’histoire de "Au plus près du soleil" est celle de Sophie, une juge d’instruction qui voit débarquer dans son bureau une femme à la beauté ravageuse, accusée d’abus de faiblesse sur son amant. Sauf que cette intrigue sera vite reléguée au second plan quand la magistrate découvre que cette personne au décolleté plongeant n’est autre que la mère biologique de son fils. La femme de loi va alors s’acharner sur sa cliente, mais le mari de la première va fourrer son nez dans cette rivalité malsaine, donnant encore plus de tension à ce drame psychologique.

Dans ce thriller méridional à la chaleur écrasante, les protagonistes étouffent pour d’autres raisons que la canicule. Le réalisateur les enferme dans un jeu de dupes où chacun s’enlise inexorablement dans un combat vain où il ne peut y avoir de vainqueur. Si le métrage est ponctué de plusieurs envolées lyriques, en particulier lorsque l’objectif se contente d’épouser les corps et de coller aux êtres, "Au plus près du soleil" pâtit malheureusement d’un scénario mielleux rapidement abjecte. Le métrage se couvre alors d’un épais manteau de bons sentiments et de niaiseries totalement ridicules, oubliant logique et cohérence. Usant de ficelles bien trop visibles, le metteur en scène recherche trop souvent la surenchère alors que son œuvre excelle uniquement lorsqu’elle se délaisse de ses artifices pour nous livrer les émois abrupts des personnages.

Pourtant, étonnement, malgré ses rebondissements incohérents et ses coïncidences grossières, le film continue à hypnotiser, car Yves Angelo est indéniablement talentueux lorsqu’il s’agit de capturer des âmes torturées. Surtout, les comédiens sont brillants, en particulier Mathilde Bisson, qui explose véritablement à l’écran, tout en rage contenue et sensualité. Si le film aurait mérité un meilleur traitement scénaristique, notamment dans un final flirtant bien trop avec les tragédies d’antan, il ne demeure pas moins un projet atypique et intéressant. Réussissant à fluidifier et sublimer un postulat complexe et banal, ce thriller à l’accent du sud alterne le bon et le moins bon, et le résultat est à l’image d’un pastis un peu trop chaud : on l’apprécie quand même, même si on aurait préféré plus de fraîcheur !

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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