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AU BONHEUR DES OGRES

Un film de Nicolas Barry

Un parfum de Jeunet

Benjamin Malaussène travaille au grand magasin « Au bonheur de Paris », où il se fait régulièrement engueuler par son supérieur, pour tout et n'importe quoi. Dès qu'un produit est défectueux, en tant que contrôleur technique, il endosse la responsabilité, manquant à chaque fois de se faire renvoyer. Partageant un appartement avec sa sœur et ses demi-frères et sœurs, il n'a que peu de temps pour envisager une quelconque relation. Jusqu'au jour où il tombe dans les allées, sur une journaliste qui enquête sur la politique de sécurité du magasin...

Qui n'a jamais entendu dire que certains magasins disposent de caméra de surveillance, jusque dans les toilettes, ou les cabines d'essayage ? C'est ici le point de départ de l'enquête de celle qui va mettre sans-dessus-dessous ce magasin bien comme il faut, imaginé par Daniel Pennac, dans lequel une sombre histoire de disparition d'enfants semble encore hanter certains employés. Les accidents à répétition ont-ils un rapport avec cela ? Qui peut bien en vouloir à cette institution parisienne (située ironiquement à l'emplacement des anciennes Samaritaine) ? Et que vient faire notre pauvre antihéros, tendre et docile, au milieu de tout ce fracas ?

Avouons que le film met un peu de temps à décoller, la faute à une installation des multiples personnages un peu trop minutieuse, et pourtant nécessaire pour mieux planter le décors et nous immerger dans le monde fantasque de Malaussène. Car la vie collective touche au doux rêve et au franc bordel, entre le plus petit, malentendant, qu'on « débranche » gentiment quand on ne veut pas qu'il entende un gros mot ou une conversation d'adultes, la plus grande qui tente de masquer sa future grossesse, et une mère qui téléphone de temps à autre depuis le bout du monde, et pourrait bien repasser pour pondre un nouveau lardon.

C'est avec le début de l'enquête que le récit devient réellement captivant, multipliant les points de vue (celui de la journaliste libérée – Bérénice Béjo, des inspecteurs incrédules, du directeur soucieux de sauver les apparences – Guillaume De Tonquédec, tout juste auréolé de son César du meilleur second rôle pour "Le Prénom", ou du vieux gardien – Emir Kusturica) et tressant son intrigue de manière aussi poétique que complexe. Avec fluidité, on passe de l'univers policé du magasin, à l'intérieur désordonné de l'appartement collectif, ou aux souvenirs douloureux et ouatés d'un drame passé. Un rien nostalgique, inventif et visuellement loufoque, "Au bonheur des ogres" rappelle le meilleur de Jeunet, au rythme ici apaisé. Et que les enfants se rassurent, puisque le film leur est aussi destiné, ils ne sortiront pas traumatisés, car comme le dit l'inspecteur, « quelqu'un avec un pyjama pareil ne peut pas être un assassin ». Ça ne s'invente pas.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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