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APRÈS LA GUERRE

Un film de Annarita Zambrano

Un drame qui séduit dans l’intime mais déçoit dans sa dimension politisée

Un ex-militant italien d’extrême gauche, réfugié en France, se retrouve soupçonné d’avoir commandité l’assassinat d’un juge. Obligé de fuir avec sa fille, ses choix du passé vont chambouler l’existence de toute sa famille…

Le terrorisme des années de plomb en Italie semble hanter les cinéastes transalpins depuis quelque temps, en particulier depuis "Buongiorno notte" de Bellocchio. Cependant, pour retracer les heures sombres de cet épisode historique récent, les scénaristes ont eu tendance à opter pour une approche historique, situant leur récit au cœur de cette époque. Peu nombreux sont les films qui ont fait le choix de s’intéresser à l’après, aux conséquences de ces évènements. C’est précisément l’option adoptée par Annarita Zambrano pour son premier long métrage.

Nous sommes en 2002. De nombreux anciens militants d’extrême gauche ont trouvé refuge en France, où la doctrine Mitterrand leur assurait une protection. Sauf qu’un juge va être assassiné, rouvrant les plaies béantes d’une Italie encore meurtrie. La pression diplomatique s’intensifie alors entre les deux nations européennes. La loi change. L’extradition de ces criminels sera désormais possible. Marco avait tourné le dos à ses activités terroristes depuis son arrivée dans l’hexagone. Mais le groupe responsable de cet attentat portant le même nom que celui qu’il dirigeait au moment de ses agissements, il est bientôt désigné comme suspect numéro 1. Il embarque alors sa fille dans un périple pour rejoindre le Nicaragua et espérer échapper aux autorités.

Bien que le sujet soit éminemment politique, le métrage traite avant tout de l’humain, des répercussions dramatiques sur la famille de Marco, sur sa mère à qui il n’a pas adressé la parole depuis vingt ans, en passant par sa sœur et son mari procureur. Surtout, ce drame teinté de classicisme se construit comme une chronique adolescente, la jeune Viola, déchirée entre une haine viscérale envers le passé de son père et une admiration réelle, devenant le protagoniste principal (et le plus intéressant). Car si "Après la guerre" dresse de subtils portraits, celui-ci souffre d’une mise en scène trop effacée pour transcender le propos. Ne parvenant pas à retranscrire le bouillonnement de la lutte idéologique, le film se perd même dans des artifices convenus (l’interview notamment), au point de rendre le résultat vite oubliable…

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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