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ANNA M.

Un film de Michel Spinosa

Grosse angoisse

Anna travaille dans une bibliothèque à la restauration de vieux documents. Sa vie bien creuse la pousse à commettre l’irréparable en se jetant sous les roues d’un camion. Seulement blessée, elle se retrouve dans le service d’un célèbre chirurgien pour qui elle se prend, un peu trop, d’affection…

'Anna M' est un véritable thriller mettant en scène le harcèlement dont peut être capable une érotomane envers l'objet de son désir. Ici Isabelle Carré désire intensément Gilbert Melki sans jamais être passé à l'acte. Tout les gestes qu'elle croit avoir vu et les situations vécues ne sont en fait que fantasmes. Ce postulat accepté, il est assez captivant de voir comment Michel Spinosa, également auteur du scénario, va faire monter peu à peu l'angoisse du spectateur en jouant simplement sur l'isolement entre malade et cible (ici médecin). Les personnages secondaires sont mis de côté rapidement, dès qu'ils ne sont plus des obstacles ou qu'ils ne servent plus l'objectif poursuivi par la fille. Et le tête à tête devient insoutenable.

Spinosa ose des scènes très difficiles, notamment quand Anna s'en prend à de petites filles qu'elle garde pour leur père, allant jusqu'à les molester. La confrontation entre les gamines, terrifiées, et Isabelle Carré tourbillonnante de colère est certainement la scène la plus dure du film. Mais il évite pourtant d'être trop descriptif en ne montrant pas les résultats de certains actes (l'inondation de l'appartement...), ou en éludant des évènements fondamentaux que l'on peut cependant très bien deviner. Petit bijou de tension, disposant d'une accalmie centrale, son film livre aussi le portrait d'une femme dont la détresse, d'abord douteuse devient finalement flagrante.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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