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AMOURS CANNIBALES

Pour l'impénétrable Antonio de la Torre

Carlos est un tailleur réputé de Grenade. Il vit seul et quand il ne crée pas des costumes, il kidnappe des jeunes femmes avant de les découper en pièces de viande qui finissent dans son frigo. Mais un jour s'installe dans l'appartement du dessus, Alexandra, une belle immigrée roumaine...

Présenté au Festival de San Sebastian 2013, "Amours cannibales" ravira les aficionados d'ambiances feutrées, et d'histoires d'amour tordues questionnant l'humanité de chacun et la capacité à ressentir. Détaillant par le menu les habitudes de son sombre et silencieux personnage principal, sociopathe aimant à prendre des femmes au piège (voir la terrible scène de baignade en mer), avant de les découper en steaks qu'il ingurgite par la suite en de frugales repas, le film déroule son fiel et provoque une inquiétude lancinante.

Grâce à un usage quasi maniaque du cadre dans le cadre, et une utilisation répétée du contre jour, Manuel Martín Cuenca présente son personnage comme un homme de l'ombre, à la limite de l'aliénation, en permanence enfermé dans sa propre incapacité à aimer et dans son quotidien routinier. Serial Killer toujours propre sur lui, inconscient de ses propres blocages, c'est sa rencontre avec la sœur de sa voisine du dessus, qui l'inclinera à changer.

Maintenant le suspense quant au devenir de la première, le film souffre cependant d'une conclusion un rien trop sage, la révélation finale ne parvenant qu'à créer une émotion de surface. Reste un premier film d'un cinéaste issu de la résidence du festival de cannes, au sens du cadrage indéniable, qui offre ici un rôle tout en nuances à un Antonio de la Torre impeccable, encore peu connu en France (certains l'auront peut être découvert dans "Balada triste" de Alex de la Iglesia), mais qui mérite sans contestation possible de belles louanges.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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