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ALICE ET LE MAIRE

Un film de Nicolas Pariser

Une comédie humaine et politique, remarquablement bien écrite

Paul Théraneau, maire de Lyon, est en mal d’inspiration politique. Il n’a plus aucune idée nouvelle, ce qui faisant autrefois sa force. Il est alors décidé d’engager une jeune philosophe, Alice Heimann, qui va découvrir peu à peu les dessous du pouvoir…

Alice et le maire film image

Présenté à la Quinzaine des réalisateurs en mai dernier et lauréat du Prix Label Europa Cinema, "Alice et Le maire" est le second long métrage de Nicolas Pariser, après "Le grand jeu". Servi par des dialogues finement ciselés, et un duo d’interprètes installant une parfaite complicité doublée de distance et de curiosité admirative (Anaïs Demoustier vu récemment dans "La villa", "Sauver ou périr", et Fabrice Lucchini, se délectant visiblement du texte), le film parvient à un subtil équilibre entre réflexions sur la condition humaine et le rapport au pouvoir (le maire, conscient, de déclarer : « on ne nous attends pas, on m’attends moi ») et la recherche d’une inspiration politique.

Le scénario de cette comédie, plongeant une jeune diplômée en philosophie dans les rouages du cabinet du maire d'une grande ville (Lyon, en l’occurrence, même si le film n’a pu être tourné dans les salons de la mairie pour des raisons de disponibilité), ne manque ni de mordant ni de bons mots. Il fait se croiser ses deux personnages, dans des moments de parenthèse par rapport à la vie officielle (administrative ou publique), érigeant la philo en opposition à la psychanalyse ou au coaching (vulgaire), et permettant de montrer le fonctionnement d’un cabinet uniquement au travers du regard extérieur qu’incarne Alice, en observatrice détachée. Elle, incarne un vent d'air frais, une volonté de mouvement, un regard extérieur sur un système en apparence verrouillé. Lui, se donne le temps de la prospective, s’offrant comme une pause méditative, avant de repasser potentiellement à l’action.

Offrant une réflexion sur le besoin pour un mouvement de retrouver une trajectoire et un discours lisibles, comme sur la nécessité de sortir d’un « tout communication » ou marketing qui cache la « nullité intellectuelle du milieu », le film verbalise le constat amer d'impuissance des politiques souvent ressentie par la population. Rappelant également au passage la nécessité pour les élites d'une certaine modestie et d'un contact avec la vie réelle, "Alice et le maire" s'avère une passionnante chronique des influences et impuissances face au temps du politique.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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