AGENTS TRÈS SPÉCIAUX : CODE U.N.C.L.E.

Un film de Guy Ritchie

Fun fun fun

Un agent secret réussit l'extraction d'une jeune garagiste de Berlin Est, au nez et à la barbe d'agents soviétiques. Chargé d'une nouvelle mission, il va devoir faire équipe avec un agent russe, pour découvrir ce qui se trame derrière l'enlèvement supposé du père de la fille, éminent chercheur nazi spécialisé dans le nucléaire, et un temps récupéré par la CIA...

Le nouveau film de Guy Ritchie ("Snatch", "Sherlock Holmes") atteint d'emblée une certain cote de sympathie grâce à une trépidante et impressionnante scène d'ouverture dans un Berlin Est en pleine guerre froide. Entre poursuite en voiture au dénouement surprenant et passage osé au-dessus du mur, l'action est au rendez-vous, magnifiée par une mise en scène qui joue avec les variations de points de vue et ménage un certain suspense.

S'en suit une classique histoire d'infiltration, avec une improbable alliance entre KGB et CIA. Mais au-delà du séduisant mélange culturel, entre flegme anglais et nervosité russe, ce sont bien les caractères de deux hommes qui vont se heurter. Et si l'occidental est un peu en retrait, s'avérant un prisonnier en sursis qui doit des années de service un peu transparent, le personnage du Russe, aux pulsions de violence incontrôlables, jaloux alors qu'il joue simplement les maris, obsédé par la montre de son père qu'il a dû se laisser voler, est plutôt savoureux.

On a donc droit à une sorte de buddy movie mâtiné à la James Bond, avec en tête d'affiche Henry Cavill, le Superman de Zack Snyder ("Man of Steel"), vu aussi dans "Les Immortels" et bientôt dans "Batman vs Superman : L’Aube de la Justice", mais surtout avec Armie Hammer, le prince dans "Blanche neige" de Tarsem Singh, formidable de facéties et volant un peu la vedette à son compagnon, en jouant les surhommes, indestructibles.

Le scénario, quant à lui, oscille entre traits d'humour plutôt amusants (la scène des toilettes et de l'accès au lavabo...) et décalage assumé quoi que parfois un peu trop poussé. C'est le cas notamment de la scène du repas pris en douce par l'un, sur fond de chanson italienne, quand l'autre subit une épuisante poursuite en bateaux. Ça l'est aussi avec la présentation du tortionnaire nazi qui sort son album de famille pour conter son histoire, avec une musique de conte en arrière fond, même si la conclusion est plutôt sympathiquement horrible.

Reste que le film est entièrement tourné vers l'action et ne laisse que peu de répit au spectateur. Guy Ritchie nous offre ainsi d'habiles morceaux de mise en scène : notamment le retournement de situation (dissimulé dans un premier temps par un découpage habile) et le beau combat filmé sous la pluie. Et si l'on trouvera forcément que la scène d'assaut voit toute sa tension anéantie par un split-screen certes très esthétique mais gâché par le choix d'une musique couvrant tout son réel, il faut bien avouer que ces "Agents très spéciaux" nous procurent un indéniable plaisir de cinéma.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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